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obscurs, que de gêner le gouvernement radical. Ils ont fourni à l’agitation électorale des argumens, et semé dans les rangs de la majorité des germes de division. Le marquis de Lansdowne a obligé les Pairs à accepter des lois improvisées, des réformes hardies, des innovations socialistes, comme celles qui organisent les retraites ouvrières, proclament l’insaisissabilité syndicale, créent, au profit de l’Etat, et aux dépens des latifundia, des propriétés paysannes à vie. Des Bills moins menaçans ou mieux préparés ont été tronqués ou repoussés, lorsque les amendemens ou le rejet pouvaient, sans compromettre la popularité du parti conservateur, détacher du Cabinet radical quelques adhérens ou l’acculer à des mesures imprudentes. Hier encore, le vote des modifications apportées par la Chambre Haute à la loi sur la journée de huit heures dans les mines venait tendre les relations entre libéraux et ouvriers, au moment même où H. H. Asquith s’efforce de les réunir dans un bloc démocratique. D’autre part, l’abandon successif de trois réformes scolaires risque d’aliéner les fidèles des chapelles puritaines et d’encourager les partisans de la neutralité absolue. El si, exaspérés par une habile opposition, des libéraux songent à poser, devant l’opinion publique, malgré l’expérience fâcheuse de 1895, la grave question des restrictions qu’il convient d’apporter au veto des Lords, ceux-ci ont déjà esquissé le plan d’une tactique, adroite parce qu’elle n’est pas étroitement défensive, proclamé l’urgence d’une réorganisation de la Chambre Haute et démontré la nécessité de supprimer, en fait sinon en droit, la Pairie héréditaire.

Tandis que les Lords suppléent par leur habile opposition à l’insuffisance numérique du parti unioniste dans les Communes radicales, laissent passer les réformes ouvrières, atténuent la législation agraire, repoussent les textes dictés par l’esprit puritain, l’armée conservatrice se reconstitue peu à peu.

L’écrasante défaite de 1906 avait désorganisé les cadres et compromis les chefs. Dès 1906, le Congrès annuel des Associations conservatrices élabora un programme destiné à rétablir, sur une base nouvelle, les groupemens locaux et les fédérations provinciales, — tandis que çà et là se créaient des ligues, dues à l’initiative privée, et destinées à renouer les liens avec la classe ouvrière, qu’avait brisés l’avènement du Labour Party. En novembre 1907, au Congrès tenu à Birmingham, dans la capitale