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chambres de compensation a diminué de plus de 17 milliards. Les voies ferrées ont constaté un recul de 50 millions dans les recettes-marchandises. Les achats de matières premières ont diminué de 15 et la vente de produits ouvrés de 13 pour 100. Importations et exportations ont reculé de 2 840 millions. Les chantiers de constructions navales ont lancé 750 000 tonnes de moins qu’en 1907.

Cette crise économique a exercé sur la vie politique du peuple anglais une double influence, également funeste pour les idées radicales. De même que les mauvaises années de 1885, 1897, 1901 avaient déjà provoqué une série d’attaques contre le libre-échange, le recul de 1908 a servi la cause protectionniste. Au cours des élections partielles, les candidats conservateurs ont fait miroiter aux yeux des industriels lésés et des boutiquiers inquiets les avantages dorés d’un régime protectionniste. Devant les armateurs de Newcastle et les tisseurs de laine de Pudsey, les fermiers de Chelmsford et les ébénistes de Haggerston, les unionistes ont évoqué les mêmes perspectives, avec un égal succès. En haut, le protectionnisme conquiert les industriels. En bas, le socialisme mord sur les chômeurs.

Une crise, sans précédens depuis 1892, rejette, dans la plèbe des sans-travail, 10 pour 100 des syndiqués et fait monter l’armée des pauvres secourus, dans le Royaume-Uni, de 1 136 000 à 1 200 000. Les possibilistes progressent. L’Independent Labour Party et la Fabian Society annoncent que leur effectif, stationnais de 1901 à 1904, est passé de 14 000 en 1906, à 16 000 en, 1906, 20 000 en 1907 et 22 260 en 1908. Les Marxistes ressuscitent. La Social democratic Federation retrouve des adhérens, reçoit de l’argent, et songe à poser douze candidatures aux prochaines élections D’ardentes paroles retentissent. Des orateurs réclament le pillage des magasins et justifient l’emploi des bombes. Des émeutes s’organisent. Le sang coule à Manchester, à Glasgow, à Birmingham, à Deptford, et à Trafalgar square.

L’ordre est maintenu. Les agitateurs sont poursuivis. Mais cette répression nécessaire coûte aux libéraux plusieurs sièges. Les candidats socialistes leur enlèvent les voix ouvrières, tandis que les conservateurs exploitent, avec succès, les inquiétudes bourgeoises.

L’horizon est sombre en Angleterre. Il ne l’est pas moins sur le continent européen. Et cependant les radicaux avaient