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REVUES ÉTRANGÈRES

L’AUTOBIOGRAPHIE D’UN OUVRIER ANGLAIS


Reminiscences of a Stonemason, 1 vol. in-8o, Londres, librairie Murray, 1909.


Peut-être n’a-t-on pas oublié qu’un journaliste, il y a quelques années, s’est livré à une sorte d’ « enquête » pittoresque sur les causes et les conditions de la longévité ? Il est allé, tour à tour, chez une vingtaine de vieillards illustres, aussi bien pour se rendre compte de leur état de conservation que pour les interroger sur les procédés qui leur avaient permis de se conserver ; et chacun, naturellement, lui a vanté son propre régime de vie comme l’unique moyen de résister aux assauts de l’âge. L’un d’eux lui a déclaré qu’il serait mort depuis longtemps s’il avait manqué, ne fût-ce qu’une fois, à sortir de son lit dès cinq heures du matin. « Renoncez à la cigarette, lui a dit un second, et vous aborderez à vos quatre-vingts ans sans vous être aperçu que le temps passait ! » Mais le seul vieillard authentique qui eût reçu la visite du journaliste, — je veux dire à la fois le plus âgé et celui que la vieillesse avait épargné le plus merveilleusement, — lui a offert un exemple et des conseils d’une tout autre saveur. Celui-là, un artiste savant et glorieux, dernier représentant des grandes traditions classiques de l’école française, se trouvait être, à quatre-vingt-cinq ans, robuste, agile, plein de vie et de santé comme un jeune rapin. Il a accueilli son visiteur dans un village des environs de Paris où, la pipe à la bouche, il travaillait en plein air par toutes les saisons ; et lorsque le journaliste, s’étant enhardi à lui rappeler son âge, lui a posé la question qu’il avait posée précédemment à ses vénérables cadets, le vieux maître, avant de lui