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sécurité ; mais, sans arsenal à proximité, elles n’y trouveront plus les ressources qui leur seraient nécessaires pour réparer leurs avaries, pour compléter leurs équipages, pour se préparer à retourner au combat. Elles viendront agoniser à l’abri des canons de l’île d’Aix, attendant un secours qui ne pourra plus venir.

De nombreux projets ont été élaborés pour améliorer l’arsenal de Rochefort. Tous exigent des dépenses importantes et des travaux de longue durée. Quel que soit celui qui sera préféré, on peut, dès maintenant, avec des frais relativement modestes, améliorer dans de grandes proportions la situation actuelle en augmentant le matériel de batelage par chalands.

Un convoi de chalands remorqués met environ trois heures pour se rendre de Rochefort en rade. Ce temps peut paraître long, mais il y a lieu de considérer qu’avec la télégraphie sans fil une escadre venant du large peut faire connaître ses besoins plus de dix heures avant son arrivée au mouillage. On voit donc que, malgré la durée du trajet, elle sera assurée, aussitôt qu’elle aura jeté l’ancre, de se voir accoster par les chalands porteurs du matériel et du personnel qu’elle aura demandés.

En résumé et pour conclure : le mouvement qui entraîne tous les peuples vers l’accroissement de leur puissance maritime est la résultante du progrès des relations internationales. Nous pouvons prévoir que ce mouvement ira en s’accélérant de même que ce progrès, dans l’avenir.

Les peuples qui voudront conserver leur influence et leur place dans le concert des nations devront régler leur politique navale sur la marche de cette évolution.

Les transformations survenues, dès maintenant, dans les valeurs relatives des différentes marines du monde et dans leur répartition géographique, ont déplacé le centre de la puissance maritime. Ce centre, qui pendant de longues années était resté immuablement dans la Méditerranée, se trouve actuellement reporté plus au Nord par suite de la présence des flottes américaines dans l’Atlantique, des flottes allemandes dans la mer du Nord et par la concentration des flottes anglaises autour de la Métropole. Il en résulte, pour la France, la nécessité de reléguer au second plan le souci de ses intérêts méditerranéens et de reporter tous ses soins sur le perfectionnement de son établissement naval dans l’Atlantique et dans la Manche, c’est-à-dire