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Ainsi parlait l’Esprit. Aux luttes fatidiques
L’Arya s’élançait pour ne plus revenir.
Mais aux matins de gloire ainsi qu’aux soirs tragiques
Ses chevaux lui parlaient de destins héroïques,
De souvenirs divins et d’éternel désir.

Quand le héros tombait sous les flèches mortelles,
On entassait un bois sur un large rocher,
On y portait le mort dans ses armes nouvelles ;
Epouse et fils pleuraient… mais les chevaux fidèles
D’eux-mêmes se couchaient sur le sombre bûcher.

Puis le soleil levant faisait briller les heaumes,
Un immense brasier flamboyait vers les cieux…
Et, dans ses tourbillons, les trois chevaux-fantômes,
Emportaient le héros, loin des changeans royaumes,
Vers la cité céleste où l’ai tendaient les Dieux.


CRI DE COMBAT


Et la Muse qui parle à mon cœur solitaire
M’a dit : « Oh ! souviens-toi, mon poète, à ton tour.
Car nous avons connu le CHEVAL DU MYSTERE,
L’ALEZAN DU DESIR, le COURSIER DE LUMIERE,
Aux jours lointains, aux vastes nuits de notre amour…

« Lorsque nous chevauchions par le monde en silence
Pour sonder le passé, l’avenir surhumain,
Notre seul guide était l’indomptable espérance,
Dans nos cœurs, — et sur nous, le flamboiement immense
Des constellations marquant notre chemin.

« Et ton fauve cheval bondissait aux aurores
Aspirant la beauté de ses naseaux fumans ;
Et toi, plein de désir, tu t’écriais : — Encore !
Par-dessus monts et vaux, avançons ! Que d’aurores
Qui n’ont pas encor lui dans le ciel des amans !