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des diplômes de germanisme, comme ils délivrent des certificats de bonne vie et mœurs. « Je connais, écrit encore M. Reimer, certaines gens qui, au point de vue physique, montrent tous les caractères du type noble et qui, cependant, ont hérité de je ne sais quel ancêtre brachycéphale une âme de laquais, nettement antigermanique ; je connais aussi des exemples du contraire. » S’il en est ainsi, combien de fois la commission électorale ci-dessus invoquée ne risque-t-elle pas de se tromper dans ses décisions souveraines et de breveter des âmes de laquais brachycéphales dans des corps d’aristocrates aux cheveux blonds ?

Nous nous garderons d’affaiblir par un commentaire superflu la saveur des doctrines que nous venons de résumer. La sagesse conseille, dit-on, de ne rien prendre au tragique, mais de tout prendre au sérieux. Il faut donc nous contraindre à cette dernière attitude, quand même nous trouverions quelque difficulté à réprimer, dans le cas présent, notre sourire. Protons un instant l’oreille à la prédication convaincue et frémissante du germanisme théorique. Elle apporte à tout le moins un enseignement précieux : elle nous éclaire une fois de plus sur la véritable nature de l’homme, et sur le ressort éternel de l’activité des êtres.


ERNEST SEILLIERE.