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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




L’impôt sur le revenu a été voté par la Chambre à une majorité de 388 voix contre 129. Ce vote ne surprendra personne, il était attendu. La Chambre n’était plus libre de rejeter un projet de loi de ce genre ; elle a pris des engagemens aux élections dernières, et elle ne pourrait pas se représenter devant les électeurs sans les avoir tenus. Mais le plus mauvais service qu’on pourrait lui rendre serait d’appliquer la loi avant les élections prochaines. Heureusement pour elle, cela n’est pas possible. Si la loi, par un miracle de soudaineté, était appliquée tout de suite, telle qu’elle est sortie des débats du Palais-Bourbon, elle produirait des déceptions qui ne tarderaient pas à se convertir en colères, et le pays, qu’on a trompé, ferait sentir à ses représentans le poids de sa déconvenue. Mais le Sénat est là. On aurait tort de croire qu’il rejettera cette loi mal faite, qui condamne nos finances publiques à la plus périlleuse épreuve ; ce serait trop attendre de lui. Il ne rejettera pas la loi, mais il l’étudiera longtemps, consciencieusement, scrupuleusement, et il l’amendera sur plus d’un point. Très probablement même, pour ne pas dire très certainement, il liera la réforme des centimes additionnels à celle du principal : beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts avant que cette réforme soit faite et puisse être incorporée à la loi.

La Chambre a joué une véritable comédie au sujet des centimes additionnels : le peu de prestige qui lui restait en a été atteint. Comment aurait-il pu en être autrement, au milieu des contradictions continuelles dans lesquelles elle est tombée et des démentis qu’elle s’est donnés ? Un jour par exemple, sur la proposition de M. Magniaudé, qui est pourtant un partisan résolu de la loi, elle a voté des dégrèvemens d’une certaine importance au profit des familles