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a senti qu’il lui manquait quelque chose. Elle a donné l’ordre à son ministre à Belgrade, M. le comte Forgach, de se rendre chez M. Milovanovitch et de lui remettre la note que voici : « Le gouvernement impérial et royal d’Autriche-Hongrie se voit, à son regret, dans la nécessité de porter à la connaissance du gouvernement royal serbe ce qui suit : En présence de l’attitude observée depuis quelque temps par le gouvernement royal serbe, il parait impossible aux deux gouvernemens de la monarchie austro-hongroise de soumettre au vote du Parlement à Vienne et à Budapest le traité de commerce conclu l’année dernière et dont le terme de la ratification est du reste échu. En communiquant ce qui précède au gouvernement royal serbe, le gouvernement impérial et royal d’Autriche-Hongrie se plaît à espérer que la Serbie, se rendant aux conseils des puissances, changera son altitude au sujet de la Bosnie-Herzégovine et exprimera en même temps son intention bien arrêtée de reprendre avec l’Autriche-Hongrie des rapports de bon voisinage. Le gouvernement impérial et royal attend une communication dans ce sens en vue d’entamer de nouvelles négociations pour les relations relatives au commerce et au trafic entre la monarchie austro-hongroise et le royaume de Serbie. » Que signifie cette note ? L’Autriche semble faire la première un geste conciliant pour ramener la Serbie à négocier avec elle. Ses exigences préalables se sont adoucies : la Serbie est invitée seulement à changer son attitude au sujet des deux provinces et à se déclarer disposée à entretenir avec l’Autriche des rapports de bon voisinage. Nous ne savons pas encore ce qu’elle répondra, mais certainement elle répondra ce que la Russie lui conseillera de répondre, et il y a là pour tous une garantie de modération. En attendant, la presse autrichienne parle un peu moins fort, bien qu’on y distingue toujours des notes stridentes, et la presse allemande fait entendre le lourd roulement d’un orage lointain, qui menace de se rapprocher.

Tout cela se terminera-t-il enfin par une conférence ? Nous l’avons toujours souhaité, et il semble bien que l’Autriche elle aussi commence à le faire. La conférence seule mettra un point final à toutes ces agitations. Mais que de difficultés encore ! On comprend très bien que l’Autriche n’ait pas voulu adhérer à la conférence avant d’avoir réglé directement les questions pendantes avec les puissances les plus intéressées ; mais elle s’est mise d’accord avec la Porte au sujet de l’Herzégovine et de la Bosnie, et si la Serbie, après avoir déclaré que la question est européenne et non pas serbe, renonce à demander des compensations territoriales, l’entente n’apparaît plus impossible