Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils auront lu et pesé cette déclaration, que je ne puis pas discuter en ce moment, ils se convaincront qu’elle ne contient de provocation contre personne, qu’elle ne porte aucune atteinte aux droits légitimes du peuple espagnol, que nous considérons comme un peuple ami, surtout qu’elle ne révèle en aucune manière une incertitude dans la pensée du gouvernement sur la question de savoir s’il veut la paix ou s’il appelle la guerre. Le gouvernement désire la paix !… (Très bien ! très bien ! )… Il la désire avec passion (Exclamations à gauche), mais avec honneur ! (Très vives marques d’adhésion et d’approbation.) Je ne puis admettre qu’en exprimant, à haute voix, son sentiment sur une situation qui touche à la sécurité et au prestige de la France, le gouvernement compromette la paix du monde. Mon opinion est qu’il emploie le seul moyen qui reste de la consolider ; car chaque fois que la France se montre ferme sans exagération, dans la défense d’un droit légitime, elle est sûre d’obtenir l’appui moral et l’approbation de l’Europe. (Très bien ! très bien ! — Applaudissemens.) Je supplie donc les membres de cette Assemblée d’être bien persuadés qu’ils n’assistent pas aux préparatifs déguisés d’une action vers laquelle nous marchons par des sentiers couverts. Nous disons notre pensée entière : nous ne voulons pas la guerre ; nous ne poursuivons pas la guerre ; nous ne sommes préoccupés que de notre dignité. Si nous croyions un jour la guerre inévitable, nous ne l’engagerions qu’après avoir demandé et obtenu votre concours. (Très bien ! très bien ! ) Une discussion aura lieu alors, et si vous n’adoptez pas notre opinion, comme nous vivons sous le régime parlementaire, il ne vous sera pas difficile d’exprimer la vôtre ; vous n’aurez qu’à nous renverser par un vote et à confier la conduite des affaires à ceux qui vous paraîtront en mesure de les mener selon vos idées ! (Rumeurs à gauche.) Soyez convaincus de l’absolue sincérité de notre langage ; je l’affirme sur l’honneur, il n’y a aucune arrière-pensée dans l’esprit d’aucun de nous, quand nous disons que nous désirons la paix. J’ajoute que nous l’espérons, à une condition : c’est qu’entre nous disparaissent tous les dissentimens de détail et de parti, et que la France et cette Assemblée se montrent unanimes dans leur volonté. » (Très bien ! très bien ! — Vive approbation.)

Supposez assis sur les bancs de l’opposition de véritables patriotes, non des hommes de parti intraitables, des amis éclairés