Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/632

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Burdeau, puis M. Jonnart ont préconisé cette solution ; et si l’on objecte que la diminution des contribuables indigènes aurait pour conséquence de troubler gravement l’économie budgétaire des communes de plein exercice, ne pourrait-on abandonner à ces communes la totalité de l’impôt de l’octroi de mer ? Ainsi la commune de plein exercice ne compterait plus, en fait d’indigènes, que ceux qui vivent réellement mêlés aux agglomérations européennes, et les autres rentreraient dans le cadre de la commune mixte. Un travail inverse s’opérerait d’ailleurs dans cette dernière catégorie de communes qui pourrait demeurer le cadre administratif normal où les populations indigènes s’essaieraient à la vie municipale, tandis que les groupemens européens s’en détacheraient peu à peu. En attendant, on pourrait donner aux indigènes une part plus grande dans l’administration et la gestion des affaires municipales et entrer plus avant dans la voie qu’a ouverte l’arrêté du 11 septembre 1895 qui a reconstitué les djemaas de douar dans les communes mixtes, et a reconnu, à elles seules, le pouvoir de décider, sauf approbation du gouvernement, l’aliénation ou l’échange des biens communaux. Cette approbation ne devrait être donnée qu’à bon escient et dans des cas exceptionnels.


II. Le programme de la nouvelle politique indigène.

Avec la sauvegarde de la propriété indigène, le programme nouveau, dans ses grandes lignes, doit être établi sur l’emploi simultané des moyens par lesquels on peut agir sur les hommes : la raison et l’intérêt. C’est par l’école qu’on s’adressera à la raison. Mais sur ce point, que de fautes à réparer, que de chemin à parcourir !

Avant notre arrivée, il y avait quantité d’écoles indigènes dans la Régence appelées zaouias et medersas. La sagesse aurait voulu que nous en tirassions parti pour y faire pénétrer nos méthodes et un peu de notre esprit. Fidèles à nos idées de faire disparaître chez les indigènes tout ce qui ne se rapprocherait pas de nos institutions, nous détruisîmes cette organisation, et nous essayâmes des collèges arabes et des écoles arabes-françaises. Puis, à la suite des événemens de 1871, les collèges