Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/665

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alluvions, les débris des diverses cultures dont elle a subi la domination. Pendant longtemps, l’Egypte pharaonique absorba presque exclusivement l’attention des chercheurs : les travaux de ces dernières années ont rendu à la lumière les monumens de l’Egypte hellénistique et de l’Egypte copte antérieure à l’invasion arabe. Les nécropoles d’Antinoé, d’Achmin Panopolis, de Baouît, de Saint-Ménas près d’Alexandrie, ont livré de véritables trésors, qui ont permis d’établir le rôle de l’Egypte dans les origines de l’art du moyen âge.

En Egypte, encore plus peut-être que dans le reste de l’Orient, l’hellénisme n’a eu sur la vieille culture indigène qu’une action superficielle. L’art hellénique n’a vraiment régné que dans les colonies grecques comme Alexandrie et, loin de transformer les antiques procédés de l’art égyptien, il leur a au contraire fait de nombreux emprunts. L’art qui semble prédominant dans l’Egypte romaine du IIe au VIe siècle est un art plus oriental qu’hellénique. Les influences extérieures qu’il a subies lui sont venues moins de la Grèce que de la Syrie et de la Mésopotamie ; elles ont pénétré en Egypte par l’intermédiaire de la colonie juive d’Alexandrie, et l’art hétérogène ainsi formé, interprété par les artistes égyptiens, est devenu l’art copte.

Les peintures de Pompéi, toutes alexandrines d’inspiration, révèlent déjà cette influence orientale ; les portraits funéraires découverts dans les tombes du Fayoum, avec leurs yeux démesurés, ont aussi, malgré la recherche du trait individuel et le costume hellénique, de grandes ressemblances avec l’art indigène. Un fragment de colosse de porphyre trouvé à Alexandrie en 1870 est assis sur le trône massif, aux montans constellés de gemmes et de cabochons, qui sera reproduit si souvent dans l’art byzantin. La tête a malheureusement disparu, mais, d’après les plis des vêtemens, ce morceau ne peut remonter plus haut que le IVe siècle. Le style est analogue à celui des quatre statues de porphyre qui représentent des empereurs romains groupés deux à deux et qui ont été transportés d’Egypte à Saint-Marc de Venise. Le colosse d’Alexandrie était-il aussi un empereur, ou faut-il y voir avec M. Strzygowski un Christ de majesté ? Cette dernière hypothèse est d’autant plus séduisante qu’au IVe siècle, l’Egypte possédait une iconographie chrétienne originale. Une petite coupe en faïence égyptienne est conservée au British Muséum : sur les bords, elle porte une inscription aux noms de