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retrouver bientôt ce frère et ses parens. Nous pouvons donc être tranquilles pour elle, et nous goûtons comme il convient les remords de Polémon, sa colère contre lui-même, son embarras, ses maladresses naïves, le mélange de violence et de gaucherie, de confiance en soi et de docilité, qui le caractérisent D’autre part, la méprise initiale se développe en une seconde action mêlée à la première. Le prétendu rival, dont la vue a mis en fureur le pauvre garçon, n’est autre que le propre frère de Glycère ; ce frère, qu’elle connaît comme tel, ignore, lui, ce qu’ils sont l’un à l’autre ; et il l’aime, la prenant pour une étrangère. Ce quiproquo déroule ses conséquences en des scènes fort amusantes pour le spectateur qui sait tout, mais fort troublantes pour les personnages. A la fin, tout se débrouille : on se reconnaît ; et ce qui nous reste de ces scènes de reconnaissance laisse très bien sentir encore ce qui pouvait se mêler d’émotion sincère à une comédie qui n’était rien moins que « larmoyante. »

Dans l’Arbitrage, deux jeunes époux, Charisios et Pamphilé, sont séparés l’un de l’autre, malgré la plus sincère affection, par une méprise d’un autre genre. Pamphilé, peu après son mariage, a mis secrètement au monde un enfant, qu’elle a fait exposer. Ils ignorent l’un et l’autre que cet enfant est à eux deux, étant né d’une violence nocturne, qui ne leur a pas permis de se voir mutuellement. Charisios, informé, par une dénonciation d’esclave, de l’accouchement clandestin de sa femme, fait tout ce qu’il peut pour se détacher d’elle ; et, de son côté, le père de Pamphilé, Smikrinès, très préoccupé de la dot de sa fille et des dangers qu’elle court depuis que son gendre se dissipe, travaille par tous les moyens, en avare et en vilain personnage qu’il est, à rompre le mariage. Ici encore, nous savons fort bien d’avance que ces deux desseins concordans n’aboutiront pas. Et nous avons grand plaisir à voir l’éclaircissement final se préparer et se développer peu à peu, au moyen d’incidens imprévus, qui nous font passer sous les yeux des personnages divers, caractérisés d’une façon aussi ingénieuse qu’amusante. Mais ce qui nous intéresse surtout, ce sont les sentimens de Charisios et de Pamphilé, que le poète sait nous montrer, tantôt indirectement, par les propos de ceux qui nous parlent d’eux, tantôt en les faisant passer eux-mêmes au premier plan. C’est ainsi que, dans cette comédie très animée et enjouée, comme dans la précédente, se déroule un