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LA LANGUE FRANÇAISE
ET LES
RÉVOLUTIONS DE L’ORIENT

Le XXe siècle est une époque de compétition universelle entre les peuples, les races, les civilisations, les langues. Parmi les grandes nations qui, par la paix ou par les armes, par l’industrie ou par le commerce, débordent, de tous côtés, sur les mers lointaines et sur les terres neuves, la France de la troisième République ne désespère pas encore de maintenir ou de reprendre son rang. En cette ère nouvelle des impérialismes envahisseurs, que, d’un mot nouveau, nous appelons l’ère de la politique mondiale, la France a eu beau se laisser distancer, sur le terrain industriel, commercial, maritime, non seulement par ses rivales anciennes, mais aussi par de jeunes parvenues, la France n’en demeure pas moins, elle aussi, une puissance mondiale. Elle ne l’est pas uniquement par l’étendue de ses possessions d’Afrique et d’Asie, ou par l’abondance et le rayonnement de ses capitaux ; elle l’est, plus encore, par la nature même de son génie, par ses traditions, par sa vocation historique, par l’attraction qu’exerce au loin sa capitale, surtout peut-être par la diffusion de sa langue. En Europe et hors d’Europe, en Orient surtout, il nous reste ainsi, de notre long et glorieux passé, de vastes sphères d’influence matérielle ou morale où, avec notre langue et notre littérature, peuvent prévaloir encore nos idées et notre esprit.

C’est là un héritage que la France moderne n’a pas le droit d’abandonner, qu’elle doit, au contraire, d’autant mieux défendre