Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 51.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pris mon parti de ne pas obtenir le reste. Nous tenons donc la paix. Demain matin, avant le Conseil, je préparerai une déclaration aux Chambres dans ce sens. J’y parlerai de l’Espagne et de vous et je tiens à ce que vous soyez content de mon langage. Venez donc me voir demain de bonne heure ; je vous soumettrai ma rédaction. » Il me promit de venir. J’allai ensuite aux Affaires étrangères chercher, si elle était enfin arrivée, la seule pièce qui me manquât, la réponse d’Ems. Gramont n’y était pas.

Il avait reçu, indépendamment de la communication d’Olozaga, un troisième et un quatrième télégramme de Benedetti, vers les dix heures et demie et onze heures. Le troisième (de 3 h. 45) disait : « Le Roi a reçu la réponse du prince de Hohenzollern : elle est du prince Antoine et annonce à Sa Majesté que le prince Léopold, son fils, s’est désisté de sa candidature à la couronne d’Espagne. Le Roi m’autorise à faire savoir au gouvernement de l’Empereur qu’il approuve cette résolution. Le Roi a chargé un de ses aides de camp de me faire cette communication et j’en reproduis exactement les termes. Sa Majesté ne m’ayant rien fait annoncer au sujet des assurances que nous désirons pour l’avenir, j’ai sollicité une dernière audience pour lui soumettre de nouveau et développer les observations que je lui ai présentées ce matin. J’ai de fortes raisons de supposer que je n’obtiendrai aucune concession à cet égard. » Le quatrième télégramme (d’Ems, sept heures du soir) disait : « A ma demande d’une nouvelle audience, le Roi me fait répondre qu’il ne saurait consentir à reprendre avec moi la discussion relative aux assurances qui devraient, à notre avis, nous être données pour l’avenir. Sa Majesté me fait déclarer qu’elle s’en réfère à ce sujet aux considérations qu’elle m’a exposées ce matin. Le Roi a consenti, a dit encore son envoyé au nom de Sa Majesté, à donner son approbation entière et sans réserve au désistement du Prince ; il ne peut faire davantage. J’attendrai vos ordres avant de quitter Ems. M. de Bismarck ne viendra pas ici : je remarque l’arrivée des ministres des Finances et de l’Intérieur. » Gramont s’était empressé d’apporter à l’Empereur, à Saint-Cloud, ces documens importans.

A ma rentrée, après une longue promenade, je trouvai le billet suivant qui m’attendait depuis quelque temps : « Cher ami, je vais à Saint-Cloud. Encore une nouvelle. Il (le Roi) a