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UN
CRITIQUE HOMME DU MONDE
DU XVIIe SIÈCLE

Jean-Baptiste-Henri du Trousset de Valincour naquit à Paris, le premier de mars 1653. Il était d’une famille moyennement noble du Cambrésis. Orphelin de père quelques années après sa naissance et élevé par sa mère, il fit, paraît-il, des études assez incomplètes. Vers la vingtième année, il se sentit attiré du côté des belles-lettres. Il fit connaissance avec le Père Bouhours et s’enquit avec curiosité des « nouveautés. » En 1678, à l’âge de vingt-cinq ans, il lut la Princesse de Clèves, qui fut un grand événement littéraire. Sans savoir, peut-être, si elle était de Mme de La Fayette ou de Segrais, il en discuta avec ses amis, il en causa sans doute avec le Père Bouhours, et il écrivit assez vite un petit volume de critique générale et de critiques de détail sur cet ouvrage.

Le sien fit du bruit. On en devisa avec vivacité dans la société littéraire et dans la société aristocratique du temps ; le jeune M. de Valincour eut cet honneur qu’on attribua sa critique à Bouhours lui-même ; il était lancé dans la vie littéraire et dans la gloire.

Il ne voulut, en vérité, ni de l’une ni de l’autre. Son goût était d’être un homme du monde et un homme de bonne compagnie avec teinture de belles-lettres ; tout au plus un avocat consultant dans les procès littéraires. Il profita seulement de sa réputation naissante pour se faire des amis, ou peut-être se borna-t-il à les laisser venir à lui. Il connut Boileau, Racine, Bossuet