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bouclier, d’un grand et d’un petit poignard, d’un arc ; son carquois est plein de flèches. La dernière, double de grandeur des autres, nous le montre élevé à la dignité de chef, arrivé à l’apogée de la gloire, ne combattant plus personnellement ; les cornes sont absentes, mais il est revêtu du long manteau et il tient à la main le bâton, insigne de ses fonctions.

La poterie de cette époque se rencontre partout en très grande abondance. Elle est grossière, tout en ayant de jolies formes ; quelques pièces sont ornées de pointillés. Aux environs d’Oristano, on a trouvé près de certains nuraghes des milliers de vases, grands et petits. Un peu partout dans l’île se rencontrent des dolmens et des menhirs.

Quand aux « tumbas de sos gigantes, » ce ne sont que des tombes de famille, datant des mêmes époques, et répondant à peu près invariablement à un même type. Des pierres plates, piquées en terre, forment un hémicycle. C’est là que les parens pouvaient se réunir, déposer leurs offrandes, et c’est là aussi que se déroulaient les dernières cérémonies mortuaires. Puis, perpendiculairement à cette sorte de place, se détache une allée couverte, longue de dix à quinze mètres, construite en larges pierres plantées verticalement. Sur cet appui, d’autres dalles horizontales protègent les morts couchés côte à côte, dans le sens de la largeur.

La Sardaigne a été successivement la proie des différens peuples qui, depuis le début des temps historiques, se partagèrent l’empire de cette partie du bassin de la Méditerranée. Aux Phéniciens, fondateurs de Cagliari (Carales), de San Antioco (Sulci), succédèrent les Carthaginois. Ceux-ci soumirent une grande partie de l’île, si nous nous en tenons aux nombreux vestiges, principalement des tombes, que l’on retrouve dans beaucoup d’endroits.

En 238, après la première guerre punique, les Romains prirent possession de l’île. Il est à remarquer qu’ils ne pénétrèrent guère dans les districts les plus montagneux. Habiles colonisateurs, ils n’usaient pas leurs forces en cherchant à soumettre des territoires difficiles d’accès et sans véritable valeur économique, mais ils limitaient leurs efforts aux parties les meilleures, et les protégeaient contre les incursions des