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plus insupportable que ces poèmes qui visent toujours à être en marbre de la tête aux pieds ; mais encore, ceux de M. Angellier n’ont pas assez de prétentions marmoréennes. — En un mot, dans le poète de haute et de profonde inspiration qu’est M. Angellier, il y a un artiste très expert, certes, et très habile, mais qui n’est pas assez exigeant.

Il n’en est pas moins que M. Angellier a des parties considérables de grand poète ; que chacun de ses poèmes donne l’impression d’une colline un peu escarpée, mais aux formes hardies et nobles, peu fleurie, mais au sommet de laquelle frissonnent, au vent un peu âpre, quelques arbres de forte sève, de feuillage riche et sombre et de parfum salubre.

M. Angellier ne sera pas inconnu de la postérité, cette bonne chercheuse, puisqu’il ne l’est pas de l’étranger, cette postérité contemporaine. Je voudrais qu’il fût plus connu des Français contemporains, ne fût-ce que par coquetterie de leur part, puisqu’il s’obstine à fuir leurs yeux, au lieu, comme tant d’autres, d’y jeter de la poudre.


EMILE FAGUET.