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l’on compare ces chiffres à ceux que chaque ville inscrivait, avant d’avoir tes Juvenile Courts. La moyenne était de 50 p. 100 ; la moitié des enfans condamnés, envoyés à la prison, n’en sortaient que pour recommencer leurs méfaits ; aujourd’hui cette moyenne est tombée à 10 et même à 5 p. 100 : ce n’est plus la moitié qui succombe de nouveau, c’est le dixième, c’est le, vingtième. Tous les autres ont profité de la leçon ; ils ont une bonne conduite et ils ont la liberté : ils sont sauvés.

On ne s’étonnera pas, devant une expérience si probante, que l’institution du Tribunal spécial, à peine votée par l’Illinois, ait été promptement adoptée par les autres États. La Pennsylvanie fut la première à suivre l’exemple, dès 1901 : d’autres vinrent ensuite ; il y en a aujourd’hui 24. Tous se déclarent satisfaits et du progrès moral qui rétablit dans l’existence normale un si grand nombre d’enfans, et des avantages pécuniaires qui résultent de ce que, pour tous, la dépense de leur entretien revient à la famille et décharge les finances publiques.

Tandis qu’elle se répandait ainsi aux États-Unis, la réforme était signalée en Angleterre. Une lettre circulaire, envoyée par la State Children’s association, groupait les réponses unanimement favorables des sociétés qui veillent au sort des enfans. Un des membres de la commission Moseley, M. A. Edmund Spencer, fit un rapport enthousiaste de la simplicité du tribunal spécial, de l’autorité extraordinaire qu’y prenait le juge, des bienfaits de la liberté surveillée. En Angleterre, comme en Amérique, les Sociétés de patronage entraînèrent dans leur campagne les clubs féminins, le Barreau : et tous réunis, pressant sur le gouvernement, déterminèrent des essais qui furent pratiqués dans la plupart des villes industrielles, à Birmingham, à Liverpool, à Manchester, à Glasgow, à Dundee, à Dublin. M. Marcel Kleine, chargé par le Musée social d’étudier cette juridiction, a soigneusement décrit les audiences du tribunal de Birmingham. Présidé, par un homme qui est un des grands spécialistes de l’enfance, M. Courtenay Lord, il siège chaque jeudi, dès dix heures du matin, une heure plus tôt que les tribunaux ordinaires, de manière à éviter l’affluence du public ; comme en Amérique, chaque enfant est jugé isolément ; la liberté surveillée est la mesure préférée, et elle donne d’excellens résultats : 3 p. 100 de récidives. Depuis cette enquête qui date de 1906, un bill du 27 août 1907 a consolidé, sous forme d’institution définitive, les