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nouvelle pouvait aider, mieux que les anciennes, au relèvement de l’enfant coupable. La démonstration est faite.

Il convient d’ajouter que l’initiative de M. Rollet a trouvé un concours empressé dans les chefs du Parquet de la Seine, le regretté M. Jalenques, puis M. Monier. Dès le mois de décembre 1906, le procureur de la République, reprenant tes erremens de 1890, désigna quatre juges d’instruction pour s’occuper spécialement des mineurs. Puis au mois de mars 1907, le procureur décida que toutes les causes d’enfans seraient jugées, le lundi, par la 8e Chambre correctionnelle. On avait ainsi comme une spécialité de juge d’instruction et de tribunal ; après avoir mis en pratique la liberté surveillée, sans qu’on eût touché à la législation ni au système judiciaire, la réforme était accomplie. C’est là un exemple frappant de ce que peuvent obtenir les bonnes volontés d’hommes de cœur, unis par la pensée de la plus haute et de la plus utile charité.


IV

Faut-il en rester là ?

Il est invraisemblable qu’après des expériences si convaincantes, un procureur de la République ou un procureur général suppriment, demain, la spécialité des juges d’instruction et du tribunal, et que le tribunal ou les juges refusent la liberté surveillée. C’est invraisemblable, mais c’est possible. Car ces mesures, on l’a vu, n’existent que par le bon vouloir de quelques hommes. Cependant elles sont utiles ; depuis trois ans, elles ont fait leurs preuves. Ne serait-il pas temps de leur donner une base solide et définitive par une loi qui, d’ailleurs, les étendrait, au-delà de Paris, à toutes les grandes villes ? On l’a pensé, et M. Paul Deschanel a pris l’initiative d’une proposition qui établit le Tribunal pour enfans et la liberté surveillée.

Sur la composition et les pouvoirs du Tribunal, une question se posait tout de suite. Depuis deux ans, au Tribunal de la Seine, on a quelque chose qui ressemble à une juridiction spéciale, l’audience de la 8e Chambre, réservée, le lundi, aux causes d’enfans ; sans doute cette spécialité peut paraître insuffisante, car les magistrats qui jugent, ce lundi, les enfans, jugent aussi bien, le lendemain, les adultes, et d’ailleurs ils sont, cette année, à la 8e Chambre ; le roulement, l’an