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I

On sait quelles étaient à l’origine les fonctions et les prérogatives des intendans ; on se rappelle qu’envoyés dans les provinces pour y combattre la puissance de l’aristocratie féodale, ils avaient mandat de substituer progressivement à la police, à l’administration et même à la justice des nobles, la police, l’administration et la justice du Roi. Au milieu du XVIIIe siècle, l’œuvre ainsi entreprise était presque complètement achevée. La noblesse avait oublié ses devoirs féodaux et perdu, dans la plupart des cas, l’habitude de la résidence ; elle n’avait conservé que des droits, qu’elle exerçait par l’intermédiaire de régisseurs et de fermiers. Du même coup, elle avait fait la part belle à l’intendant, duquel partaient désormais toutes les initiatives, auquel remontaient toutes les responsabilités et dont l’activité était, pour ainsi dire, sans limites : c’est lui qui présidait aux travaux les plus importans de l’administration, tels que la répartition de l’impôt, la construction des routes, le ravitaillement et le logement des troupes ; c’est lui aussi qui descendait jusqu’aux plus petits détails de l’assistance publique ou de l’économie rurale, et qui était maître de ce que nous appelons maintenant les libertés individuelles ou communales : point de paroisse qui pût engager la moindre dépense sans l’aveu de Monseigneur, point de rôdeur qui pût être arrêté ou secouru, — et quelquefois les deux ensemble, — sans un ordre de Monseigneur, point d’animaux même dont on eût voulu combattre les maladies ou améliorer la race, si Monseigneur n’avait pris au préalable le soin de commettre un vétérinaire, de payer les remèdes, de répandre les recettes d’élevage, les conseils empiriques, et les encouragemens officiels…

Ce pouvoir absolu et si étendu se trouvait un peu borné et diminué dans les pays d’Etats ; mais tel n’était pas le cas de l’Auvergne, dont les Etats avaient cessé de se réunira partir de 1651, et qui avait perdu jusqu’à son nom d’ancienne province pour devenir purement et simplement « la généralité de Riom. » Celle-ci comprenait le territoire des deux départemens actuels du Puy-de-Dôme et du Cantal, avec une fraction de la Haute-Loire ; elle se divisait en sept élections qui forment maintenant