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différence c’était que le « chasseur de nouvelles, » attaché à un homme de qualité, était directement connu et relevait en quelque sorte de la domesticité de son client,— encore ce lien très mince allait-il se relâchant, — tandis que le « nouvelliste à la main » n’avait affaire qu’à des abonnés, à des abonnés dans le sens moderne du mot.

Du contenu de ces feuilles manuscrites deux circulaires-prospectus vont nous instruire. La première est du commencement du XVIIe siècle (1609). Elle est en vers. Il s’y agit bien d’une gazette à la main :


La gazette a mille courriers.


Elle parle de tout :


<poem>De duels, de commissions,
De pardons pléniers et de bulles.
D’ambassadeurs venus en mules...


Puis de nouvelles particulières :


De malheurs, de prospérités,
De larmes en cour, de piaphes (puffs),
De morts subites...


Des nouveautés du Parnasse :


Des livres de M. Guillaume...


Des modes :


Nœuds argentés, lacets, écharpes,
Bouillons en nageoires de carpes,
Porte-fraizes en entonnoir,
Oreillettes en velours noir...


Bref :


Quoi que ce soit, rien ne s’oublie,
Car la gazette multiplie
Sans relâche les postillons,
Vites comme les aquilons...


La seconde circulaire est de 1762. Elle a été rédigée par un nouvelliste de rare valeur, François Chevrier, un pamphlétaire redouté, celui qu’on a surnommé le Juvénal du XVIIIe siècle.

« Ces nouvelles à la main, dit Chevrier, renfermées dans