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roses, d’œillets. Ses poudres sont assorties aux couleurs de ses vêtemens et à peu près de même odeur que ses pommades. Il y en a de couleur jaune, verte et rouge, rose, noire et blanche.

« Les abbés poupins, des nouvellistes et des auteurs parasites apportent dans le temps de cette toilette des ouvrages convenables à être encouragés... »

Les citoyens curieux des affaires publiques, qui n’avaient pas les moyens de s’abonner eux-mêmes aux gazetins, les trouvaient dans certains cafés, à côté de la Gazette de Renaudot et des feuilles de Hollande. C’est là que les venaient lire les étrangers. Dans d’autres cafés, les garçons vendaient sous le manteau les « petits manuscrits » à la clientèle. En province, les nouvelles à la main étaient expédiées par la poste, « par l’ordinaire, » comme des lettres et sous enveloppe. Et c’est peut-être à ces nouvelles à la main qu’est dû l’usage de l’enveloppe, car on sait qu’autrefois le nom et l’adresse étaient écrits au des même de la lettre, soigneusement pliée et cachetée, sur un espace resté blanc. Or, pour le gazetin, il importait, s’il tombait entre les mains de la police, qu’il ne trahît pas le secret d’un tel commerce. Et le gazetin, sans adresse, l’enveloppe, sans gazetin, ne pouvaient plus être que des témoins discrets.

« C’est une plaisante chose que les provinces, observe Racine : tout le monde y est nouvelliste dès le berceau. »

Molière, dans la Comtesse d’Escarbagnas, fait parler le vicomte de manière à plaire à Louis XIV, qui avait les nouvellistes en horreur :

« Je serais ici depuis une heure, s’il n’y avait pas de fâcheux au monde, et j’ai été arrêté en chemin par un vieux importun de qualité, qui m’a demandé tout exprès des nouvelles de la Cour, pour trouver moyen de m’en dire des plus extravagantes qu’on puisse débiter ; et c’est là, comme vous savez, le fléau des petites villes que ces grands nouvellistes, qui cherchent partout à répandre les contes qu’ils ramassent.

« Celui-ci m’a montré d’abord des feuilles de papier (nouvelles à la main) pleines jusques aux bords d’un fatras de balivernes qui viennent, m’a-t-il dit, de l’endroit le plus sûr du monde... À l’entendre parler, il sait les secrets du Cabinet mieux que ceux qui les font. La politique de l’État lui laisse voir tous ses desseins et elle ne fait un pas dont il ne pénètre les intentions. Il nous apprend les ressorts cachés de tout ce qui se fait, nous