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à peine 30 familles pour 200 habitans ; il y a vingt ans elle en abritait 115 qui, suivant l’antique proportion, aurait dû totaliser 800 habitans ; or il ne s’en trouve pas plus de 400 ! A Fours, triste pays isolé d’où l’on part, mais où l’on ne revient guère, la décadence est encore plus brutale : non seulement il y a moins d’habitans, 240 contre 600 au milieu du XIXe siècle et 750 avant la Révolution ; non seulement les familles groupent moins d’individus en moyenne, mais il y en a moins, même au centre communal.

Pourtant, et le fait vaut la peine d’être signalé, en dehors des cantons de Barcelonnette et de Saint-Paul-sur-l’Ubaye (en amont de la sous-préfecture) on émigre peu en Amérique. Qu’un territoire de la vallée inférieure de l’Ubaye jouisse d’au climat un peu plus doux permettant certaines cultures, et la population se maintient presque et augmente même au hameau central. Quant au chef-lieu d’arrondissement dans lequel plus de 2 000 âmes se trouvent entassées (il peut lutter avec Boussac, Rocroi, Montfort... sous ce rapport), le fonctionnarisme arrête et arrêtera longtemps encore sa décadence, et il profitera aussi du délaissement des hameaux d’alentour dont il absorbe les épaves.

Enfin, comme type de commune en plein abandon et ne se dépeuplant pourtant pas en faveur du Mexique, nous sommes forcé de citer celle d’Aolls qui constitue à elle seule le quatrième canton de l’arrondissement de Barcelonnette, dont elle est d’ailleurs géographiquement séparée. En 1840, plus de 1 400 habitans animaient un peu son territoire ; actuellement on en compterait au plus 830, dont 345 dans le village chef-lieu. Ce minuscule canton lutte pour le dernier rang, avec celui de Barcillonnette de Vitrolles, actuellement rattaché aux Hautes-Alpes, mais ayant dépendu des Basses-Alpes pendant quelques années, et avec celui des Saintes-Maries de la Mer, isolé au milieu des grèves de Camargue.

Nous aurions été tenté d’analyser l’histoire d’une famille de paysans bas-alpins, et, passant du particulier au général, d’expliquer comment un département qui a compté 160 000 âmes au temps où Guizot était premier ministre, n’en a plus aujourd’hui que 114 000, au recensement de 1906. Pourtant, les garnisons s’accroissent et l’afflux d’étrangers ne diminue pas. Mais à quoi bon insister sur ce qui se manifeste partout : « oliganthropie, »