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REVUE LITTÉRAIRE




LES DERNIERS TRAVAUX SUR LECONTE DE LISLE





C'est vers l'école de 1850 que se porte aujourd'hui l'effort de recherches de la critique : elle est dès maintenant assez éloignée de nous pour que nous puissions lui assigner sa place dans la suite de l'histoire littéraire. D'autre part, les écrivains qui s'y sont groupés, s'ils furent pour nous des aînés, sont tout de même nos contemporains : l'étude en est d'autant plus attrayante. Et elle est neuve : j'entends qu'on n'a pas encore appliqué à cette période de littérature trop récente les méthodes de la critique savante. C'est pourquoi des exégètes venus de points très différens se donnent ici rendez-vous. Tout leur y paraît digne d'intérêt, jusqu'à des œuvres qui, lorsqu'elles parurent, manquèrent parfois à faire sensation. Jamais de son vivant Louis Bouilhet ne se fût douté qu'il dût un jour occuper si fort l'attention. Réjouissons-nous de ce mouvement de curiosité, mais surtout quand celui qui en bénéficie est un Leconte de Lisle.

On a beaucoup écrit sur lui en ces derniers temps. Je signale d'abord un livre essentiel et qui désormais sera indispensable à quiconque voudra faire du poète une lecture un peu sérieuse : c'est celui que M. Joseph Vianey intitule Les Sources de Leconte de Lisle[1]. L'auteur a diligemment recherché où Leconte de Lisle a puisé la matière de chacun de ses poèmes : il a compulsé pour nous les recueils des indianisans et des celtisans ; il a signalé l'ouvrage même et la page à laquelle le poète s'est référé. Le premier avantage de ce patient labeur est que bien des points restés obscurs, dans cette poésie vo-

  1. Joseph Vianey, Les Sources de Leconte de Lisle. Travaux et Mémoires de Montpellier, 1 vol. in-8o, chez Coulet (Montpellier).