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faites dans l’entrevue de ce matin, et je me suis décidé à les accepter. J’en envoie la rédaction à Votre Majesté ainsi qu’elle est restée dans mes souvenirs. Je charge mon cousin, le prince Napoléon, de vous apporter cette lettre et ce projet de préliminaires. Il est autorisé à en discuter les termes avec Votre Majesté el à y apporter les modifications de détail qui pourraient résulter de cette discussion, ainsi qu’à donner à Votre Majesté tous les développemens et éclaircissemens nécessaires aux différens points stipulés. »


Je commandai au général Fleury une voiture à quatre chevaux de poste avec un courrier de la Maison de l’Empereur, et, à deux heures et demie, je me mis en route, avec mon aide de camp, le commandant Ragon.

En partant de Valeggio, voici ma position :

1° A la suite d’une entrevue entre les deux souverains, à laquelle je n’avais pas assisté, où des propositions verbales avaient été discutées, j’étais chargé d’une lettre pour l’empereur d’Autriche, dont la première phrase était une acceptation par l’empereur des Français des propositions autrichiennes.

2° J’étais accrédité pour débattre et accepter des modifications secondaires.

3° J’avais pour instruction formelle, si je ne pouvais pas terminer directement, de rapporter des propositions définitives signées par l’empereur d’Autriche.

C’était une démarche décisive qui devait amener un résultat dans un sens guerrier ou pacifique.

Après avoir passé à Villafranca à trois heures et demie, je fus arrêté vers quatre heures par les avant-postes autrichiens ; c’était une compagnie d’un régiment hongrois. Je m’annonçai comme parlementaire, et le capitaine proposa de faire monter un officier dans ma voiture pour m’accompagner à Vérone. Ayant appris je ne sais comment qui j’étais, il m’adressa la parole en allemand fort poliment, en me disant qu’il ne croyait pas nécessaire de remplir vis-à-vis de moi cette formalité, et que j’étais libre de continuer ma route seul.

A quelques centaines de pas plus loin, je trouvai un bataillon hongrois campé dans un village ; l’aspect des troupes était misérable : fatiguées, en mauvais état, répandant une odeur épouvantable. A peu de distance de là, j’aperçus Vérone avec sa ceinture