Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 52.djvu/505

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je remarquai par la fenêtre un certain mouvement de généraux et d’archiducs qui venaient et allaient.

Vers sept heures, je remontai dans ma chambre où le général de Grühne vint me faire visite. Nous n’échangeâmes pas un mot de politique. J’envoyai devant lui le commandant Ragon visiter les malades que nous avions aux hôpitaux, et je commandai tout haut, avec une certaine affectation, ma voiture pour huit heures et quart précis, terme du délai que j’avais indiqué à l’empereur d’Autriche.

A sept heures et demie, l’Empereur entra dans ma chambre, et nous restâmes seuls.

« Eh bien ! dit-il, je vous apporte ma réponse. Je ne puis pas modifier grand’chose à mes premières propositions. Vous n’appréciez pas assez le sacrifice énorme que je fais en cédant la Lombardie. »

Il me remit la rédaction suivante :


« Entre Sa Majesté l’empereur d’Autriche et Sa Majesté l’empereur des Français, il a été convenu ce qui suit :

« Les deux souverains favoriseront la création d’une Confédération italienne.

« Cette confédération sera sous la présidence du Saint-Père.

« L’empereur d’Autriche cède à l’empereur des Français ses droits sur la Lombardie, à l’exception des forteresses de Mantoue et de Peschiera, de manière que la frontière des possessions autrichiennes partirait du rayon extrême de la forteresse de Peschiera et s’étendrait en ligne droite jusqu’à La Grazie, de là à Szarzarola et Luzana au Pô, d’où les frontières actuelles continueront à former les limites de l’Autriche. L’Empereur remettra les territoires cédés au roi de Sardaigne.

« La Vénétie fera partie de la Confédération italienne tout en restant sous la couronne de l’empereur d’Autriche.

« Le grand-duc de Toscane et le duc de Modène rentrent dans leurs Etats, en donnant une amnistie générale.

« Les deux empereurs demanderont au Saint-Père d’introduire dans ses Etats des réformes indispensables.

« Amnistie pleine et entière est accordée de part et d’autre aux personnes compromises à l’occasion des derniers événemens dans les territoires des parties belligérantes.

« Fait à Villafranca le 11 juillet 1859. »