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À la lecture je ne pus dissimuler l’impression pénible qu’elle me produisit. Je la rendis à l’Empereur en lui disant : « Je vois, sire, que je suis un mauvais diplomate et que mes efforts n’ont pas eu grand succès. » Je fis valoir les différences notables qu’il y avait entre les deux rédactions, et je déclarai formellement qu’il m’était impossible de faire pressentir même la décision de l’Empereur, mon souverain.

Il est un point sauf la modification duquel je déclarai ne pouvoir me charger de porter même cette réponse ; c’était le mot honoraire qui avait élu supprimé à la présidence que le Saint-Père aurait de la Confédération italienne. Je le rétablis en marge, l’Empereur l’approuva.

J’ajoutai que, personnellement, je ne saurais conseiller l’acceptation ; que mon rôle à partir de ce moment changeait ; que, chargé de faire des commentaires à la rédaction envoyée par l’empereur Napoléon, je devais me borner à présent à rapporter la contre-rédaction de l’empereur d’Autriche ; je lui demandai cependant si je pouvais compter, pour tout ce qui était passé sous silence dans la rédaction qui m’était remise, notamment en ce qui concernait l’intervention on Toscane et à Modène, que mes commentaires étaient acceptés par lui.

« Oui, dit-il, je ferai, si vous voulez, la paix de bonne foi. »

Voyant les retraites successives que faisait l’Empereur, de Villafranca à notre première entrevue et enfin à notre seconde : « Est-ce définitif, demandai-je ? S’il en est ainsi, je prierai Votre Majesté de signer ce papier.

— Oui, mais vous le signerez avec moi, au nom de l’empereur Napoléon.

— Non, je ne suis pas autorisé à le faire : ce serait l’acceptation de la rédaction de Votre Majesté, et je dois réserver la liberté de mon cousin.

— Mais alors, je ne signerai pas non plus, parce que je serais engagé, tandis que l’empereur Napoléon ne le serait pas ; et je ne puis faire ces propositions qu’autant que je serai certain qu’elles soient admises.

— C’est vrai ; mais je ne l’ai pas caché à Votre Majesté, à laquelle je donne ma parole d’honnête homme, que demain elle recevra ce même papier, avec ou sans la signature de l’Empereur ; de façon que, si les préliminaires de paix ne sont pas signés, il ne restera pas de trace matérielle de vos concessions. »