Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 52.djvu/672

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III

Patriotique, religieuse, voilà donc la double base sur laquelle devait se faire le relèvement du Danemark au cours du XIXe siècle ; là sont les deux axes de ce relèvement. Mais, de ce relèvement national, quel devait être l’instrument, le facteur pratique, l’organe de pénétration populaire ? L’école, puisqu’il s’agissait de refaire l’éducation de l’individu. L’école publique, l’école d’Etat ? Sans doute ; mais bien plus encore l’école privée, l’école indépendante.

L’école primaire publique, c’est peut-être le Danemark qui, de tous les États modernes, a fait depuis un siècle, pour la développer, les efforts les plus larges et les plus féconds. Grundtvig, que nous retrouvons ici, et qui fut l’un des grands « éducateurs » danois, travailla de toutes ses forces à cette œuvre pédagogique, s’efforçant particulièrement d’associer l’instruction en commun à l’éducation dans la famille, et d’imprimer à l’enseignement une direction locale en vue de rendre essor à la vie populaire. Il n’y a guère moins d’un siècle que la loi danoise a décrété l’obligation scolaire pour les enfans de sept à quatorze ans (1814). Aujourd’hui, on compte en Danemark, dans les campagnes seulement, pour 1 million et demi d’habitans environ, 2936 écoles principales, 300 écoles préparatoires et 200 écoles dites ambulantes ou accessoires, toutes écoles d’Etat[1]. Nulle classe ne doit compter plus de 35 élèves. Le taux de la fréquentation scolaire est particulièrement élevé : 94 pour 100 à la campagne, 98 pour 100 à la ville. L’enseignement religieux, n’en déplaise à M. Homais, est obligatoire : enseignement luthérien bien entendu, avec exemption pour les enfans non luthériens, dont les parens sont astreints à assurer la formation religieuse par ailleurs. Les 4 658 instituteurs publics danois, et les 1 798 institutrices, sont mieux payés que ne le sont les nôtres : en revanche, le croirait-on ? ils ne font pas de politique ! Ajoutons enfin qu’en outre des écoles primaires supérieures ou de « persévérance, » il y avait aux dernières statistiques (1897) 822 écoles du soir avec plus de 8 000 élèves. Ces quelques chiffres, ces

  1. À ces chiffres il faut ajouter environ 200 écoles élémentaires privées, avec 6 ou 7 000 enfans (Privatskoler). — Voyez pour tout ceci Le Danemark, p. 119 et suivantes.