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nombre d’écoles, par exemple à l’école supérieure d’Askov (jeunes filles), où l’on trouve bon nombre de filles de commerçans et de bourgeois de Copenhague mêlées à celles du petit peuple rural. Mais cela changera peut-être : l’école Grundtvig serait, dit-on, en passe de devenir à la mode dans la bourgeoisie danoise.

L’enseignement, dans chaque école, comporte deux sessions : la session d’hiver (cinq à six mois) est réservée aux jeunes gens, la session d’été (trois mois) aux jeunes filles ; quelques écoles font l’expérience de sessions mixtes, tandis que d’autres sont exclusivement réservées aux élèves de l’un ou de l’autre sexe ; on voit d’ailleurs souvent des élèves suivre deux années de cours. L’école est payante, ne serait-ce que par application du principe que l’homme n’attache de prix qu’à ce qui lui coûte : neuf kroner (douze francs soixante) par semaine et par élève ; l’Etat, nous l’avons dit, et aussi les conseils de comté, accordent des bourses aux sujets méritans. En fin d’études, il n’est ni délivré de diplôme, ni décerné de titre ouvrant droit à un privilège quelconque : l’utilité de l’école Grundtvig n’est autre que morale, aucun bénéfice matériel n’y est recherché, du moins directement ; c’est ce qui ressort d’ailleurs des méthodes d’instruction comme des programmes. L’histoire générale, et particulièrement l’histoire Scandinave, la langue et la littérature danoise, voilà ce qui fait le fond de l’enseignement ; quelques élémens de sciences (mathématiques, physique, chimie), un peu de géographie, parfois une langue vivante (anglais ou allemand), voilà l’accessoire ; une place assez large est faite au dessin, à la lecture à haute voix, au chant, et, ce qui n’étonnera pas chez des [Scandinaves, à la gymnastique d’ensemble, considérée comme entraînement physique et école de discipline. L’enseignement, méthodique et progressif, est surtout oral ; la parole vivante, l’échange direct d’idées entre maître et élève, l’action immédiate et personnelle d’un individu sur un autre, sont ici considérés comme les moyens essentiels d’éducation, les plus propres à éveiller les esprits en formant les caractères, ce qui était le but de Grundtvig. Dans ces conditions, il est évident que la personnalité propre du maître constitue l’élément primordial de succès des Folkehœjskoler : « Toute la difficulté, disait naguère un directeur d’école, se concentre en ce point précis où la capacité du professeur doit coïncider avec les besoins de l’élève. » Ajoutons enfin que chaque leçon s’ouvre et se clôt par le chant