Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 52.djvu/680

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intensive ; l’élevage progressa dans des proportions considérables, en quantité et, ce qui est plus important encore, en qualité. A la suite de l’interdiction de l’entrée des porcs danois en Allemagne (1887), on vit se créer ces grands abattoirs coopératifs qui font aujourd’hui l’admiration des techniciens, dépassant de bien loin la comparaison avec les packing houses de Chicago, et qui, au nombre de 27[1], avec 65 000 membres coopérateurs, font chaque année pour plus de 63 millions d’affaires. En Angleterre seulement, le Danemark exporte aujourd’hui pour 100 millions de francs de jambons et viande de porc, pour 225 millions de beurres et pour 40 millions d’œufs ; il exporte pour 85 à 90 millions d’animaux de ferme en Allemagne[2]. S’il importe actuellement pour 70 millions de francs de céréales de plus qu’il n’en exporte, il exporte pour 246 millions de francs de produits animaux de plus qu’il n’en importe. « Il y a cent ans, lit-on dans un récent rapport d’enquête officiel, le Danemark était l’un des pays les plus pauvres de l’Europe ; il est aujourd’hui l’un des plus riches, et ce progrès en richesse a consisté presque exclusivement en un progrès dans l’agriculture danoise[3]. »

Or à quoi faut-il attribuer ce progrès si remarquable ? Pour une part, à l’action efficace de l’Etat qui a savamment organisé l’enseignement agricole tant pratique que scientifique, qui assiste utilement les agriculteurs par l’intermédiaire de ses experts et au moyen de ses stations d’essai, de ses services d’analyse, de contrôle, de renseignemens, de ses informations à l’étranger et de ses encouragemens pécuniaires, tous services supérieurement organisés et où l’étranger trouverait beaucoup à imiter[4]. Pour une autre part, le développement de l’agriculture en Danemark est lié à celui de l’association et de l’organisation agricole. Nulle part la coopération rurale n’est, on le sait, plus avancée qu’en Danemark. Sans parler des abattoirs coopératifs, la terre danoise

  1. Chiffres extraits du Report on cooperative agriculture and rural conditions in Denmark. Il y a en outre vingt-quatre abattoirs appartenant à des particuliers.
  2. Report of the Recess Committee, new edition, Dublin, 1907, p. 141.
  3. Ibid., p. 141. — Le statisticien Mulhall évaluait, il y a peu d’années, de la façon suivante la richesse par tête d’habitant dans les grands pays d’Europe : Angleterre 241 livres sterling ; Danemark, 230 ; France, 224 ; Hollande, 216 ; Belgique, 215 ; Suisse, 165 ; Espagne, 148 ; Allemagne, 140 ; Italie, 100 ; Autriche, 99 ; Russie, 55.
  4. Une enquête des plus pénétrantes sur tous ces points a été publiée dans le Report of the Recess Committee sous la signature de M. T. P. Gill, ancien membre irlandais au Parlement de Westminster, aujourd’hui secrétaire du Département de l’Agriculture et de l’Instruction technique à Dublin.