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Pour moi, je me bornerai à raconter les quelques visites qu’il m’a été accordé de faire dans les plus hospitaliers de ces établissemens libres. Je n’essaierai pas de dissimuler l’intérêt toujours très vif ou très amusé que j’y ai pris ; et, puisqu’il faut bien conclure, je m’appuierai moins, dans mes conclusions, sur ce que j’aurai entrevu ou entr’écouté, au cours de ces visites, que sur les observations quotidiennes que j’ai accumulées, en conversant avec les jeunes gens ou les hommes mûrs élevés dans ces écoles. En somme, ce n’est pas précisément au collège ou dans les examens qu’une éducation fait ses preuves, c’est plus tard, dans la pratique de la vie.

Très nombreuses, — nous l’avons dit, — les écoles libres d’Orient se répartissent en une foule de catégories et s’abritent sous les pavillons les plus divers. Il en est de riches et de pauvres, de très vivantes et d’à moitié mortes, de très médiocres et de fort bonnes. Comment se reconnaître au milieu de cette multitude ? Comment les classer ? On ne peut même pas, comme chez nous, les diviser en primaires, secondaires et supérieures, — attendu que beaucoup d’établissemens, par exemple celui des Jésuites de Beyrouth, comprennent les trois degrés d’enseignement. Tel collège des Frères donne à la fois l’enseignement primaire, primaire supérieur, secondaire moderne et secondaire classique. Cependant, cette réserve admise et pour la commodité du langage, j’adopterai notre classification traditionnelle ; je suivrai l’ordre ascendant des trois étages pédagogiques, et, afin de ne pas noyer le lecteur dans l’infini détail des notations, je m’en tiendrai à celles de ces écoles qui m’ont paru, en leur genre, vraiment typiques et représentatives.

Dans l’ordre primaire donc, il sied de consacrer une mention toute spéciale au collège des Frères de la Doctrine chrétienne du Caire. J’eus l’honneur d’être reçu dans leur établissement de la rue Khoronfiche, où toute la gamme de l’enseignement primaire est représentée : on y prépare même, paraît-il, au baccalauréat moderne et classique. Les Frères sont de hardis et entreprenans pédagogues : outre cette maison et leur collège de Faggala, ils possèdent encore, en ville, des écoles élémentaires. Nul groupement plus actif et plus prospère que celui-là ! — Je fus accueilli au parloir, par le directeur, dont l’esprit très large et très tolérant m’eut bientôt frappé. Nous débutâmes par les politesses d’usage : cigarettes offertes, rafraîchissemens apportés