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puis dans les carrières où ils entrent. Les anciens élèves des Frères sont, paraît-il, très recherchés aussi bien par l’administration anglaise que par l’administration khédivale. On les emploie en qualité d’arpenteurs, de contremaîtres, de comptables, de commis de banques, de rédacteurs de ministères. Partout ils font prime ! Ce n’était point jactance de la part du directeur. Je m’en convainquis quelque temps après. Lord Cromer, ayant bien voulu me recevoir, me parla aussi de ces jeunes gens dans les termes les plus flatteurs. Le meilleur éloge qu’il décernait à l’éducation des Frères de la Doctrine chrétienne, c’est qu’elle fût, avant tout, pratique. Compliment précieux dans la bouche d’un Anglais et d’un grand administrateur ! Plus tard, à Beyrouth, à Smyrne, à Jérusalem, on me tint des propos identiques. Les boutiquiers syriens portaient aux nues les écoles des Frères, me répétaient que c’étaient les seules vraiment utiles pour leurs enfans ; et, à ce propos, ils ne manquaient jamais d’établir une comparaison désobligeante entre ces écoles et les collèges secondaires des Jésuites. Ils n’oubliaient qu’une chose, c’est que les collèges des Jésuites ne s’adressent pas précisément à leur clientèle et que, si tout le monde a droit au latin, nul n’est tenu de l’apprendre, qui ne se destine point aux fonctions libérales. Dans tous les cas, il est vraiment bien curieux de confronter avec l’opinion locale celle de certains touristes universitaires qui reprochent précisément à nos congréganistes le caractère formel et, en quelque sorte, scolastique de leur enseignement. On comprendra qu’en matière de pratique, je préfère le témoignage de lord Cromer et des boutiquiers de Beyrouth à celui de MM. Aulard et Charlot, théoriciens sans doute admirables, mais un peu éblouis par la lumière crue des réalités.

… Nous sommes toujours au parloir de la rue Khoronfiche. Le Frère directeur, après avoir épuisé le chapitre des études et des triomphes scolaires, me parle maintenant de l’éducation physique, qui, certes, est bien loin d’être négligée. Tout à l’heure, il va me montrer la salle de gymnastique, les barres parallèles, les trapèzes et les perches qui garnissent les cours. Enfin, il y a la série variée des divertissemens : le collège possède un orphéon ; il s’y donne des concerts, des représentations théâtrales. La dernière fois, on a joué La Grammaire de Labiche…