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J’en avais la ferme conviction, et je le lui dis. Cependant, elle continuait à déplorer l’incommodité du local, qui, effectivement, était un peu obscur pour une salle de classe. Je l’examinai, par complaisance, et mes yeux s’arrêtèrent sur des inscriptions en caractères hébraïques qui se déployaient tout le long des murs : c’étaient des sentences pieuses, comme il y en a chez nos congréganistes et chez les protestans. Vivement, la directrice s’empressa de s’excuser :

— Que voulez-vous ! me dit-elle : ici, ils sont très arriérés ! Il faut bien tenir compte, n’est-ce pas…

De nouveau, j’eus le sentiment que ces propos s’adressaient au Français anticlérical, qu’elle me supposait être. J’en fus positivement navré et je me hâtai de lui témoigner combien je trouvais légitime la présence de ces inscriptions bibliques dans une école Israélite… C’est égal ! Cette tendance honteuse, — au moins devant les étrangers, — à cacher prudemment ce que l’on devrait étaler avec orgueil ; cette rage qu’ils ont, en Orient, de réduire l’éducation à son matériel strictement pratique, — tout cela m’induisait en des réflexions chagrines touchant la mentalité future des Orientaux et aussi de nos jeunes Français, qui, davantage encore, sont soumis à ce genre de discipline. Je me disais : Enseigner l’économie domestique est fort bien ! Mais il y a de si belles histoires dans la Bible et dans l’Evangile ! Pourquoi les proscrire, sous prétexte de neutralité de conscience ? Quand on songe à tout ce que l’éducation chrétienne avait mis de délicatesse, de générosité et de poésie dans les âmes de la Vieille France, on ne peut que maudire les tristes pédagogues qui ont tari ces sources vives, et qui, avec leurs manuels grossièrement utilitaires ou inefficacement altruistes, ne propagent que la platitude et ne préparent que la brutalité et la barbarie.

Quoi qu’il en soit de ces réserves, je sortis enchanté de cette école de Damas. Les autres sont, paraît-il, de valeur égale ou supérieure ; et, puisque j’ai cité l’opinion locale en faveur des congréganistes, ce n’est que justice de la citer aussi en faveur des Israélites. Il n’y a qu’une voix à ce sujet : les écoles de l’Alliance sont excellentes. Je regrette seulement de n’avoir pu y pénétrer davantage.

A Jérusalem, je fus plus heureux qu’ailleurs. Grâce à la courtoisie du directeur, j’eus la bonne fortune de visiter l’Ecole professionnelle israélite, qui est peut-être la plus importante, la