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déclaré que le gouvernement impérial approuverait les mesures prises par la France et l’Espagne « aussi longtemps qu’elles resteraient dans les limites des droits confiés et des devoirs imposés à ces puissances en vue de l’introduction de la police. » Au lendemain de l’assassinat de M. Mauchamp, la Taegliche Rundschau prévoyait que la France essaierait de l’exploiter au profit de la pénétration pacifique, et la Gazette de Voss nous reprochait de « provoquer systématiquement l’irritation des Marocains. » La Gazette de Cologne reconnaissait, il est vrai, la légitimité de l’occupation d’Oujda. Mais d’autres journaux étaient moins modérés. Et tous invoquaient avec une affectation de raideur les stipulations de l’Acte d’Algésiras, comme l’instrument commode d’une réplique éventuelle. « Il est possible, écrivait le général Litzmann, le 15 mai, que derrière l’occupation d’Oujda se cache l’intention d’annexer ce territoire à la province d’Oran. Les Français ont déjà pris provisoirement la direction de l’administration civile. Mais cela ne saurait se passer sans une régulière explication avec les puissances signataires d’Algésiras. Il faut espérer qu’alors ce ne serait pas seulement l’Allemagne qui s’opposerait à ce qu’on éludât les dispositions du traité. »

Dès ce moment d’ailleurs, de successives controverses s’engageaient entre les agens et les ressortissans des deux pays. En janvier, on avait appris l’engagement au service du Sultan de deux officiers allemands, MM. de Tschudy et Wolff, dont les attributions, mal définies, semblaient peu conciliables avec les décisions de la Conférence. Et la presse parisienne avait relevé cet engagement avec quelque vivacité. La presse allemande répliqua aussitôt en dénonçant une entreprise française, purement privée d’ailleurs, de télégraphie sans fil, qu’elle prétendit faire rentrer dans les « services et travaux publics » réglementés par l’Acte d’Algésiras. Après un mois de négociations, le litige fut réglé à l’amiable par la constitution d’un consortium où la France, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Espagne participaient également. Mais presque aussitôt, les démarches de M. Rosen, ministre d’Allemagne à Tanger, en faveur de la maison de travaux publics Renschhausen, provoquèrent une nouvelle discussion : car M. Rosen soutenait la prétention de M. Renschhausen, de traiter sans adjudication pour la construction d’égouts et d’un boulevard à Tanger. Une polémique aigre-douce en résulta entre les journaux allemands et les journaux français. En vain