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donnent droit d’être clerc sans cesser d’être laïque, ou plutôt qui font de ceux qui les possèdent un monstre qui tient de l’un et de l’autre et qui n’est ni l’un, ni l’autre… Ah ! pieux fondateurs de ces revenus si mal dispensés, paraissez ici pour combattre ces abus ! »

Ils sont démocrates. La noblesse considérée comme un préjugé, comme un faux principe, n’a jamais été attaquée plus vigoureusement que par les sermonnaires du XVIIe siècle. Contre le principe même de l’aristocratie, ils disent ; le Père Soanen : «… Ces hommes qui se font un mérite de mépriser leurs frères et de vivre en êtres qui végètent, enrichis, et ces grands qui ne vivent que pour surcharger la terre »… qui eût soupçonné aux temps primitifs « qu’un siècle viendrait où la parure et l’oisiveté seraient des titres d’honneur ? »

Bossuet : «… cette différence infinie que l’on a essayé de mettre entre le sang noble et le sang roturier, comme s’ils n’avaient pas les mêmes qualités et n’étaient pas composés des mêmes élémens. »

Le Père Soanen : « Quelles sont donc les marques qui distinguèrent le prince et le roturier ? Et qui est-ce qui, au milieu d’une foule d’enfans confondus les uns avec les autres, pourrait reconnaître celui qui est noble et celui qui est artisan ? Serait-ce à la figure ? Mais ne voit-on pas tous les jours que la personne la plus ordinaire a le visage le plus distingué, la taille la plus régulière, l’air le plus imposant ?… Avez-vous jamais pensé que cette origine dont vous vous glorifiez avec tant d’insolence et de hauteur ne fût peut-être que le fruit de l’intrigue, de l’intérêt et, ce que je n’ose dire [et il a une singulière manière de ne pas oser le dire], du crime d’une mère infidèle à ses devoirs. » (Comparez Boileau en sa satire sur la noblesse.)

« En quel temps, dit encore le Père Soanen, d’après saint Jean Chrysostome, du reste, le Seigneur a-t-il déclaré qu’il dispensât les nobles, les opulens de la pénitence et du travail ? »

Contre l’orgueil des grands et leur dureté et leur cruauté, ils disent ; Bourdaloue : « Oui, Dieu entend les cris de ces domestiques dont vous exigiez si rigoureusement les services et à qui vous en refusiez si impitoyablement la récompense ; les cris de ces marchands qui vous revêtaient, qui vous nourrissaient, qui vous entretenaient de leur bien et qui n’en ont jamais touché le juste prix ; les cris de ces ouvriers qui s’épuisaient pour vous de