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père et son fils, tous deux capables de travailler, lui restent ainsi sur les bras. Il n’est pas content, et quantité d’autres avec lui...

L’admirable est que, là, le ministre a raison, ne pouvant guère augmenter les soldes qu’en éliminant les élémens dont le rendement est le plus faible, en diminuant les effectifs, par conséquent. Mais les ouvriers] ne l’entendent pas de la sorte. Ignorans comme ils le sont des conditions économiques générales, saturés de promesses téméraires, ces pauvres gens ne sauraient gré au Ministre de ce qu’il leur donne que s’il consentait à leur donner toujours davantage.

Vellerat ajoute qu’il s’en faut bien que les ouvriers titulaires soient malheureux. La vie n’est chère, à Toulon, que pour les bourgeois, surtout pour les officiers et les fonctionnaires qui sont lourdement imposés, savamment exploités, tondus jusqu’au ras. Le populaire est sobre, d’ailleurs, et la race résistante. Le ciel, le soleil, une terre plaisante, la mer qui sourit presque toujours lui soufflent la gaieté. Ah ! ce n’est pas comme à Brest !... Et puis, beaucoup d’ouvriers ont, au dehors des murs, leur petit bastidon, leur « niche à lapins » avec un lopin de terre où viennent des légumes. D’autres logent aux faubourgs, dans des maisons à étages encore, mais en bon air et à moins de frais que dans les plus vieux quartiers de la ville. Avec le tramway, on arrive sans fatigue et très vite à la porte de l’arsenal. Enfin, ne donnant plus que huit heures à l’Etat, on travaille chez soi ou chez un patron, et c’est autant d’ajouté à la solde. Bref, on vivote aisément...

Du 25 au 30 janvier. — Au point fixe (entre Balaguier et l’Eguillette), où nous avons fait des essais sur place, l’arrière tenu par deux câbles d’acier sur des coffres solidement ancrés. Ces essais ont bien marché. Il est vrai qu’on n’a pas dépassé soixante tours. Il y a eu, toutefois, quelques échauffemens dans la ligne d’arbre centrale. Les portages ne sont pas faits encore. Au reste, on a prévu la possibilité d’une petite flexion du bâtiment : les lignes d’arbre supporteraient une flèche de 10 centimètres.

J’ai fait connaissance avec les célèbres équipes de chauffe des essais du Choiseul, ces ouvriers des constructions navales qui se mirent en grève lors des essais de ce croiseur. Tout le monde est d’accord ici, y compris le représentant de la maison qui a fourni les chaudières, qu’il vaudrait mieux n’employer que des chauffeurs militaires.