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le pétrole, les glaises, pour atteindre une valeur totale qui était en 1906 de 54 millions de dollars ; — enfin n’oublions pas que tous ces produits, aussi bien que ceux de la culture, trouvent un écoulement facile dans quatre lignes transcontinentales et dans les services de paquebots qui font communiquer avec l’Extrême-Orient, non seulement la rade admirable de San Francisco, mais les ports de San Diego, San Pedro, Eurêka, Santa Barbara, Monterey. Le commerce maritime de la Californie dépasse déjà 400 millions de dollars par an, et le canal de Panama lui sera bien plutôt un adjuvant qu’une concurrence, par le fait même de le mettre en relations directes avec les ports de l’Atlantique dans le Vieux et le Nouveau Monde.

Mais qu’il y ait place en Californie pour de nouveaux venus, c’est ce que montrerait, à elle seule, la densité de la population, n’y étant que de 9,5 par mille carré, alors qu’elle s’élève à 152 dans l’Etat de New York, à 140 en Pensylvanie, à 86,1 en Illinois, et, pour avancer vers l’Ouest, à 40,2 en Iowa, à 38 en Wisconsin, à 22,1 en Minnesota, à 18 encore dans le Kansas. Et que, d’autre part, il y ait avantage à prendre place parmi les 2 millions à peine d’habitans[1] qui se partagent les 156 172 milles carrés de ce territoire, on n’en doutera plus lorsqu’on aura vu, dans les statistiques officielles, que par tête la fortune moyenne est de 751 dollars en Allemagne, de 1 125 dans l’ensemble des Etats-Unis, de 1 145 dans la Grande-Bretagne, de 1 228 en France, de 1 247 en Australie, de 2 800 en Californie. Mais, pour que notre invite ne semble pas s’inspirer uniquement de motifs grossiers, ajoutons qu’il n’est peut-être pas au monde un meilleur climat, une terre plus fleurie, un ciel plus enchanteur, une aussi grande douceur de vivre ; ou bien élevons-nous plus haut encore, dût l’efficacité de nos motifs s’abaisser d’autant, et rappelons l’idée dominante de cet article, à savoir qu’il s’agit, pour les Américains, de maintenir leur prépondérance et leur idéal en face de la menaçante invasion des Jaunes.


Ce ne sont ni les escadres en route sur l’Océan, ni les batteries protectrices des côtes qui constituent la vraie défense d’un peuple. Sa force est en lui-même, dans la valeur et le nombre de ses citoyens. Et c’est ce qui rend plus incertaine l’issue des

  1. Exactement 1 485 053, d’après le recensement décennal de 1900 ; 1 648 000 en 1906, d’après l’estimation du Statesman’s Yearbook de 1903.