Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/828

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au reste, que je serais son ministre, qu’il fallait toujours que je défendisse Villèle, sans lequel il n’y avait pas de salut, etc. Ceci a fixé toutes mes irrésolutions. Je reverrai ce matin Villèle et j’irai vous dire à deux heures où en sont les choses. Blacas est venu hier me dire qu’il ferait sous moi tout ce que je voudrais. Enfin nous avons l’objet de tous nos vœux, un ministère refusé ! ! ! »


3 janvier 1823. — «… Véritablement, vous me feriez renoncer à vous voir. Savez-vous que je me suis couché à minuit et levé à deux heures, que j’ai fait cette nuit toutes mes dépêches pour l’Espagne, l’Angleterre. Il y a trois jours que je fais ce métier, et vous me tracassez. Je suis changé, de fatigue, au point d’alarmer mes amis. Je porterai l’ordonnance. J’irai, si je puis, vous voir, mais songez que cette tyrannie n’est pas de l’amitié. »


Février 1823. — « Lagarde est arrivé le 3 [février] à Bayonne. Je n’ai pu aller vous voir hier et je ne pourrai y aller encore aujourd’hui. Nous avons conseil, et je travaille pour la grande bataille demain à la Chambre des députés. Priez Dieu pour moi. »


Lundi [1823]. — « Il est bien inutile que je me retire pour travailler, si je reviens à Paris. Quand je ne fais rien, vous criez ; quand je m’occupe, vous ne le voulez pas : voilà les amis !… »


Mardi matin 22 juillet. — «… J’irai vous voir la semaine prochaine, et puis viendra le grand jour de la délivrance de Ferdinand. Soignez-vous bien, et surtout ne vous livrez pas à toutes vos folles tristesses. Travaillez, faites un nouveau Moine[1] ; votre tête vous laissera en repos. »


Vendredi matin [12 septembre 1823]. — « Certainement, ma sœur et mon amie, et pour toujours, malgré Cadix et le vent d’est. Cadix, j’espère beaucoup : la chose doit être assurée à présent, puisqu’on a dû attaquer l’île de Léon du 8 au 10 septembre. Attendons donc quelques jours. Nous saurons cela du 15 au 17. Mais cette fortune, cette changeante fortune ! Vous ne sauriez croire combien je m’en défie. Je voudrais bien n’avoir rien à faire avec elle. »

  1. Roman malheureusement resté inédit de Mme de Duras.