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méthodes exclusivement britanniques, comme s’il se fût agi d’une autre Australie, lord Milner ne construisait donc pas pour l’avenir ; il ne préparait pas l’avènement d’une nation sud-africaine, issue du rapprochement progressif des deux races, et se consolidant par l’harmonie des concessions réciproques. Cependant, s’il a peu contribué à l’œuvre de réconciliation, il ne l’a pas compromise, et son administration a déblayé le terrain sur lequel d’autres initiatives allaient s’exercer. Il convient aussi de rappeler que lord Milner tenait d’un gouvernement d’esprit plutôt autoritaire que libéral le mandat de le représenter en Afrique du Sud dans des circonstances extrêmement difficiles.


IV

Le ministère présidé par M. Balfour, successeur de lord Salisbury depuis 1902, avait fait part à la Chambre des Communes, en juillet 1904, de son intention d’introduire des réformes au Transvaal. Jusqu’alors, le Haut-Commissaire gouvernait avec l’assistance d’un Conseil dit législatif, en fait consultatif, formé, en parties égales, de fonctionnaires et de personnes choisies par lui-même. On se proposait de faire place dans ce Conseil à un élément libre d’attaches officielles. Ce premier pas vers l’octroi d’une représentation nationale devait être fait au printemps de l’année suivante, époque à laquelle expiraient les pouvoirs des membres non fonctionnaires du Conseil.

Cet engagement fut tenu. Le gouvernement anglais ne se borna pas à modifier la composition du Conseil législatif ; il le remplaça par une Assemblée législative. Les fonctionnaires de la Couronne, membres ex officio, n’y devaient plus occuper que le quart des sièges, tous les autres membres étant nommés au suffrage de la population, et sur une base électorale assez large. Dans sa dépêche au gouverneur du Transvaal (31 mars 1905), M. Lyttelton, ministre des Colonies, expliquait qu’il n’avait pas été jugé possible d’accorder au peuple de l’ancienne république boër la plénitude des droits de gouvernement, parce qu’on pouvait craindre que la division des partis s’opérât sur la question de rivalité de races ; mais qu’en introduisant dans l’Assemblée une majorité de membres élus, on donnait aux habitans du pays le maximum d’indépendance compatible avec la stabilité de l’administration.