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Natal), chargées de dettes assez lourdes et de budgets en déficit, avaient besoin de l’assistance du Transvaal[1]et surtout fort à craindre de sa mauvaise volonté. Dans l’association en projet, le Transvaal avait donc le rôle de predominant partner. Son désir de mettre les destinées de l’Afrique australe à l’abri des erreurs ou des caprices de ses co-associés, de prévenir d’inutiles et peut-être dangereuses discussions sur les limites des droits constitutionnels des Etals vis-à-vis du gouvernement de l’Union, était légitime.

La même préférence en faveur d’un gouvernement dégagé de l’esprit particulariste se justifiait dans la colonie du Cap par la certitude d’être très largement représentée au Parlement de l’Union, en raison de la supériorité numérique de sa population sur celle de chacune des autres colonies. C’est pourquoi, au Cap comme au Transvaal, les partis dits progressistes, où domine l’élément anglais, s’abstenaient de soutenir la cause de la fédération contre celle de l’unification. D’ailleurs, depuis le mois de février 1908, le gouvernement du docteur Jameson avait été remplacé au Cap par un ministère en sympathie avec l’Afrikander Bond, organisation politique boër, correspondant au Het Volk transvaalien. Ce changement avait été ratifié en avril par des élections générales assurant au nouveau premier ministre, M. X. Merriman, partisan de l’« union étroite, » une forte majorité.

La colonie d’Orange, la plus hollandaise des quatre, ne pouvait que suivre l’impulsion du Transvaal, dont elle avait été l’alliée fidèle. Ses sympathies et ses intérêts l’y portaient naturellement.

Seul, le Natal s’apprêtait à résister. Cette colonie, de faible étendue, serrée entre la mer et les territoires du Transvaal et de l’Orange, est presque exclusivement anglaise. L’élément boër y compte pour un cinquième seulement de la population blanche. Celle-ci, de 100 000 habitans à peine, est en contact avec plus d’un million d’indigènes et d’Asiatiques immigrés. Ces conditions spéciales l’invitaient à ne rechercher dans l’union

  1. Le budget de la Colonie du Cap, pour l’exercice de 1908-1909, présente un déficit d’environ 400 000 livres sterling. Celui du Transvaal, un excédent de 819 000 livres sterling, lequel, joint à ceux des années précédentes, laissait, au 30 juin dernier, un disponible de 2 730 000 livres sterling. A la même date, le Transvaal a fait a Natal un prêt de 500 000 livres sterling, au pair de 3 et demi pour cent.