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communauté » de ne pas mettre ses supérieurs dans la confidence) atteignaient encore plus directement la Congrégation, si disciplinée, des Jésuites, et empêchaient ceux-ci d’entrer, au moins ostensiblement et en nombre, dans les Sociétés secrètes du Saint-Sacrement.

Ce qui ne veut pas dire, assurément, qu’ils n’y introduisirent pas de leurs amis. Si l’on pouvait conférer toutes les listes des Congrégations de Notre-Dame des Jésuites avec les Compagnies du Saint-Sacrement, il y a gros à parier que bon nombre de noms seraient communs aux unes et aux autres. A Paris, de la congrégation du P. Bagot, faisaient aussi partie plusieurs des membres les plus actifs de la Compagnie du Saint-Sacrement : François de Laval-Montigny, François Pallu, Vincent de Meur, les futurs fondateurs de la Société et du Séminaire des Missions étrangères. « A Limoges, la plupart des confrères laïques, sinon tous, se recrutaient probablement dans la division des messieurs de la Compagnie que les Pères Jésuites avaient établie dans leur collège de Sainte-Marie. » De même à Dijon, à Grenoble[1]. Quand, en 1657, il fut question de fonder à Rome une Compagnie du Saint-Sacrement, Du Plessis-Montbard conseilla de prendre les premiers membres de la future Compagnie romaine « dans les Congrégations des Jésuites, » où l’on trouvera, dit-il, des hommes « déjà formés aux exercices de la charité. » Dans ces congrégations de Notre-Dame, se rencontre l’auteur même de l’histoire du Saint-Sacrement, le conseiller d’Etat de Voyer de Paulmy d’Argenson. Et lorsqu’en 1696, d’Argenson engage l’archevêque de Paris à ressusciter la Compagnie du Saint-Sacrement, il indique, lui aussi, qu’elle trouverait « des sujets propres » à son dessein « dans les Congrégations des Jésuites tant de la maison professe que du noviciat, surtout parmi ceux qu’on appelle de l’Assemblée secrète, qui ont presque tous l’esprit qu’il faut avoir dans la Compagnie du Saint-Sacrement. »

Toutefois cette admission, par la Compagnie du Saint-Sacrement, d’amis des Jésuites, n’allait pas jusqu’à s’inféoder à eux. ; En 1657, lorsque Du Plessis-Montbard conseille de recruter d’abord dans les congrégations de la Société de Jésus les membres de la succursale romaine, il recommande pourtant que ce soit « sans faire connaître le dessein. » Dans le groupe parisien

  1. Le P. Prat, les Jésuites à Grenoble, p. 302-313 ; Allier, Cabale des Dévots, p. 241 et suivantes.