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du Saint-Sacrement, parmi les ouvriers de la première heure, il y en avait eu de fort opposés aux Jésuites, de fort attachés aux opinions jansénistes : tels, Hubert Charpentier, mort en 1650, fondateur de la maison des Prêtres du Mont-Valérien, ou le Père Eustache Gault. De ceux-là, il y en eut qui survécurent jusqu’en 1684 et même au-delà : par exemple Mgr Alain de Solminihac, évêque de Cahors, qui, mourant en 1695, dénonça la Compagnie de Jésus « comme un danger de l’Église. » Nicolas Pavillon, — l’un des « quatre évêques » et qui, dès 1664, était considéré comme tout à fait janséniste, — et l’abbé de Ciron, mort en 1678 ou en 1680, fondateur avec Mme  de Mondonville de ce célèbre Institut des Filles de l’Enfance, le Port-Royal toulousain, — étaient tous deux probablement de la Compagnie. Jean du Ferrier, vicaire général de Rodez, de Narbonne et d’Albi, mort en 1685, l’auteur de Mémoires précieux sur le Jansénisme, en fut certainement. Leur présence dut maintenir dans le Saint-Sacrement, sinon à Paris, du moins en province, la couleur première qu’il avait reçue de Condren. De même un élément laïque janséniste subsista dans la Compagnie. Sans doute, il paraît certain, comme l’a remarqué M. Allier, qu’à partir de 1656, M. de Liancourt, le noble ami d’Arnauld et de Pascal, ne parut plus dans la Compagnie ; depuis ce moment, raconte le P. Rapin, « on eut grand soin d’écarter de la Compagnie » les dévots « qu’on soupçonnait » de jansénisme : les jours de vote, « quand on faisait des officiers, il s’élevait à la tête de chaque rang des gens zélés qui criaient à ceux qui allaient voler : Point de Jansénistes ! » Le P. Rapin affirme que « cette conduite donna tant de chagrin aux plus entêtés de ce parti qu’ils se retirèrent peu à peu et ne parurent plus aux assemblées : » pour qui connaît la combativité janséniste, il est malaisé de croire qu’ils s’éliminèrent aussi gracieusement. En admettant même, avec M. Allier, que leur influence ait cessé d’y être prépondérante, il n’en est pas moins vrai que M. de Morangis, un fils spirituel de Nicolas Pavillon, est flétri par le même Père Rapin, comme un de ces hommes du monde qui allaient dans Paris prônant les Provinciales. Or, en 1660-1661, si le directeur de la Compagnie du Saint-Sacrement est un sieur Gambard, fougueux auteur de l’Almanach de la déroute des Jansénistes, c’est M. de Morangis qui est supérieur. Le prince de Conti, cet adhérent si enthousiaste, si bouillant, de