Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Grenoble et de Marseille[1], prouvent que la Compagnie du Saint-Sacrement accueillit un grand nombre d’hommes que l’on retrouve dans les mémoires, journaux, correspondances ou pamphlets politiques du milieu du XVIIe siècle : — grands seigneurs ou grands officiers de la Cour, comme le prince de Conti, les comtes de Brienne et de Noailles, les marquis de Belloy, de Liancourt, de Salignac-Fénelon, de Laval, de Fontenay-Mareuil, le commandeur de Jars, les Rochechouart-Chandenier, les maréchaux de La Meilleraye et de Schomberg ; — magistrats importans tels que les Lamoignon, les Séguier, les De Mesmes, les Mesliand, les Maiguart de Dernières, les Aubery, les Le Fèvre d’Ormesson, les Barillon et les Morangis, les Voyer d’Argenson ; — prélats très en vue, ou religieux, ou prêtres séculiers très militans et influens, comme Potier, évêque de Beauvais, Godeau, évêque de Vence, Cospeau, évêque de Lisieux, François de La Fayette, évêque de Limoges[2], François de Péricard, évêque d’Angoulême, Henri de la Roche-Pozay, évêque de Poitiers, François Fouquet, évêque d’Agde, puis archevêque de Narbonne, ou comme les abbés Gautier de Montaigu, de Roquette, Lescalopier, Picoté, Olier, comme le docteur de Sorbonne Grandin, comme les missionnaires Lambert et Vincent de Paul. Jusque dans la foule des petits personnages, gentilshommes, ecclésiastiques ou bourgeois, qui figurent sur les listes de la Compagnie, il en est plusieurs, — un Patrocle[3], un Frotté, un Le Comte, un Castille, un La Nauve, un Germain, un Devaux, un Laisué[4], — qui risquent bien (car leur identité est parfois difficile à déterminer sûrement) d’être ceux-là mêmes que les Mémoires de Richelieu, d’Orner Talon ou de Feuquières, de Dubuisson-Aubenay ou de Nicolas Goulas, de la Fare ou de la Porte, de Gourville ou de Fontenay-Mareuil, de Mademoiselle de

  1. Voyez les ouvrages ou articles cités précédemment de MM. R. Allier et Alfred Leroux, et la Compagnie secrète du Saint-Sacrement. Lettres du groupe parisien au groupe marseillais 1639-1662, Paris, Champion, 1908.
  2. Voyez l’intéressant ouvrage de l’abbé Aulagne, la Réforme catholique dans le diocèse de Limoges, Paris, 1906.
  3. C’est le père (ou le frère aîné) probable de l’Orgon du Tartufe dont nous avons précédemment parlé. Mêlé vers 1637 à des intrigues de Cour, et intermédiaire entre le P. Caussin et la Reine mère, il fut exilé à Bourges.
  4. Pour plusieurs de ces accointances politiques de la Compagnie, consulter, outre les ouvrages de Chéruel, de Chantelauze, de Gazier, de V. Cousin et de J. Lair, sur Mazarin, Retz, Fouquet, et, sur la Fronde, trois savans et ingénieux articles de Charles Boudhors, dans la Revue l’Enseignement secondaire (1903).