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cantons et de la Confédération avec l’étranger. Le Lukmanier gardait toujours l’avance. La Sardaigne confirma ses intentions de n’accorder son concours qu’à une ligne du Lukmanier à l’exclusion de toute autre. Cependant, l’argent fit défaut et la concession accordée par le Conseil fédéral dut être plusieurs fois prolongée, mais en vain. On peut à juste titre appeler cette première période, de 1845 à 1857, la période du Lukmanier.

En l’année 1857 fut créée la première Union du Saint-Gothard qui groupait, avec les cantons primitifs, Uri, Schwyz, Unterwald et Lucerne, les cantons de Berne, Soleure, Bâle-Ville et Bâle-Campagne. L’Italie entre alors en scène, et, par une première note diplomatique, elle demande que la Suisse ne prenne pas d’engagemens en faveur d’une ligne transalpine sans avoir étudié tout l’ensemble des solutions possibles. L’Italie, très habilement, affaiblit le projet du Lukmanier en faisant naître un projet voisin et concurrent, celui du Splügen. De plus, le Tessin était amené, — sous l’influence de l’Italie, sans aucun doute, — non seulement à refuser mais à retirer son adhésion signée au Lukmanier ; d’autre part, les Tessinois créaient dans les Chambres fédérales et dans toute la Suisse un état d’esprit fondé sur ce postulat que toute ligne transalpine devait passer par le seul canton italien et méridional de la Suisse : le canton du Tessin se trouvait ainsi le maître de la situation, et l’on peut dire que c’est lui qui a ruiné les espérances des Grisons. Sur ces entrefaites se constitue la seconde Union du Saint-Gothard (1863), qui donne résolument à son projet le caractère d’une ligne d’intérêt international, et qui détermine le Conseil fédéral à entrer en négociations avec l’Italie et avec les Etats de l’Allemagne.

Le Simplon était également au bénéfice d’une concession ; il avait suscité une grande activité dans toute la Suisse occidentale. Des travaux étaient poursuivis, des projets étudiés et des subventions promises.

1857-1869, période de lutte ; lutte très acharnée, autour du Conseil fédéral et dans les pays voisins, entre les partisans des trois types de chemins de fer transalpins : ou le passage par le massif du Saint-Gothard, ou le passage dont la ligne d’accès devait remonter la vallée du Rhône, ou l’un des tunnels correspondant à la vallée du Rhin.

Or la Suisse ne pouvait songer à exécuter toute seule un travail aussi gigantesque ; les fonds lui manquaient. En fin de