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atténuées, — par un procès-verbal qui est joint à la Convention et qui fournit un commentaire à cet article 8 :


La deuxième phrase de l’art. 8, « Les C. F. F., etc.,  » veut seulement dire que les C. F. F. ne peuvent entrer dans aucune combinaison avec d’autres chemins de fer suisses par laquelle ils accorderaient sur leurs lignes des bases de taxes plus réduites que celles qui sont appliquées au trafic et transit par le Gothard.


Ainsi se trouve établie en faveur du Gothard une clause que nous pourrions appeler « la clause de la ligne la plus favorisée.  » L’article 12, en prévoyant le cas d’un renchérissement du prix de la houille qui ne permettrait plus au Gothard de faire face à ses affaires et en autorisant, dans ce cas extrême, le rétablissement des anciennes surtaxes de montagne, a bien soin d’ajouter : « La Suisse aura égard, en relevant les surtaxes, à la clause du traitement le plus favorable dont bénéficie la ligne du Saint-Gothard vis-à-vis des autres chemins de fer par les Alpes.  »

L’Allemagne et l’Italie ont, en somme, obtenu, comme rançon de leur ancienne et décisive coopération en faveur de la ligne transalpine, un privilège réel et indiscutable, non pas en faveur de cette ligne, — au contraire, — à son détriment, mais en faveur des marchandises qui seront transportées par le Gothard. Ces marchandises, de quelque provenance qu’elles soient, bénéficieront des taxes plus faibles accordées par la Suisse ; mais comme le Gothard est par-dessus tout la grande voie germano-italienne, ce sont les produits industriels de l’Allemagne et les produits agricoles de l’Italie qui seront les principaux bénéficiaires des avantages consentis.

Des termes heureux dupent parfois les meilleurs esprits. Le Gothard une fois racheté, le « nouveau confédéré » une fois rentré au bercail des C. F. F., le voilà assimilé « à la nation la plus favorisée.  » Quelle originale trouvaille ! Lorsqu’il s’agit d’un traité de commerce, le service des douanes de « la nation la plus favorisée » peut y perdre, mais la nation y gagne ; ici, c’est le Gothard qui perd, ce sont les chemins de fer fédéraux qui perdent, c’est la Suisse qui perdra toujours. Et c’est ailleurs qu’on gagnera. La politique de l’Allemagne vis-à-vis de la Suisse est une grande politique. On dit que l’Italie s’était proposé d’introduire à la Conférence la question du Slügen : si elle avait obtenu qu’une partie des millions de son ancienne subvention fût versée au bénéfice d’un nouveau tunnel transalpin oriental,