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Simplon, aidé du Lötschberg et complété par le Moutier-Granges, peut devenir comme une revanche compensatrice.

On comprend maintenant pourquoi l’ambassadeur de France à Berne, M. le comte d’Aunay et la délégation française avaient fait un cas de rupture des négociations du refus de la prise en considération du Moutier-Granges lors de la première Conférence des voies d’accès en 1908. Les Français ne peuvent être qu’unanimes sur cette question, et les délégués le furent. Leur point de vue fut présenté avec tout le tact admirablement énergique et de bonne humeur conquérante de celui qui était leur chef, M. Charles Laurent.

Peu à peu, la Suisse reconnut la légitimité du point de vue français : il fallait bien se rendre à l’évidence, el, avant même la réunion de la seconde Conférence, le Moutier-Granges, qui avait déterminé l’interruption de la première, était regardé comme devant être consenti.

Est-ce à dire que les complications n’ont pas été nombreuses ? Certes, il a fallu de longues et de pénibles négociations pour coordonner et concilier les intérêts suisses contradictoires qui étaient en jeu dans l’affaire ; et toute la ténacité intelligente et prépotente des Bernois a été nécessaire pour établir le tracé définitif du Moutier-Granges, devenu le Moutier-Longeau, et pour faire charger tout à la fois la Compagnie du Lötschberg de la construction et les chemins de fer fédéraux de la future exploitation. Ces conventions extérieures, et pour la plus grande partie antérieures à la seconde Conférence, étaient le prologue indispensable de la Conférence internationale.

La part de celle-ci n’était pas moindre. Il ne s’agissait pas simplement de faire naître une ligne, il fallait la faire vivre, c’est-à-dire lui assurer un trafic suffisant. Nourrir est une œuvre plus longue et plus patiente que créer. Pour que la ligne Moutiers-Berne-Lötschberg vécût, il fallait obtenir un partage du trafic arrivant en Suisse par Délie. Les délégués français ont obtenu en faveur de Moutier-Longeau le 70 pour 100, et d’autres avantages pour l’exploitation : c’est un très beau résultat.

Ils ont dû consentir de leur côté à ne faire inscrire qu’au protocole de la Conférence leurs desiderata concernant un raccourci complémentaire du Moutier-Longeau, c’est-à-dire le Longeau-Dotzingen ; et pareillement, on a remis à des négociations ultérieures entre les Compagnies intéressées la question du