Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

séculaire, que nous trouvons de divers côtés des Bénédictins occupés à de larges histoires provinciales dont plusieurs attendent encore leur publication. Dans Paris même, tandis que les grands noms font défaut à Saint-Germain-des-Prés, l’abbaye des Blancs-Manteaux compte, au moment de la Révolution, des savans de marque, Dom Cognac, Dom La bal, Dom Malherbe, Dom Merle, Dom Deforis, connu par son édition des Sermons de Bossuet, Dom Clément, qui terminait l’Art de vérifier les dates, déjà très avancé par Dom Clémencet. Malheureusement, ce qui était plus atteint dans cet ordre que l’éclat des publications, c’était l’esprit monastique. Sur la fin de l’ancien régime, rien n’était plus facile que de trouver encore à Saint-Maur des archivistes et des bibliothécaires, on y trouvait moins de véritables moines.

Dans ces conditions, que va dire la Congrégation de Saint-Maur ? Si grand était encore son nom qu’elle avait le droit et le devoir de parler. Sa défense était tout indiquée. Elle tirait sa gloire de ses immortels travaux historiques. Il y avait trois grands intérêts que les ordres religieux pouvaient servir, et qui étaient encore appréciés par les membres incrédules de la Constituante : l’instruction publique, l’assistance et la science. C’est au nom de la science que Grégoire avait prononcé avec sympathie en pleine tribune le nom de Saint-Maur. C’est aussi au nom de la science que les Bénédictins de 1790 essaient de plaider leur cause. De la fameuse et opulente abbaye de Corbie, le prieur et les religieux, au nombre de vingt disposés à rester, envoient une requête dans laquelle ils ne vantent pas les devoirs de la vie monastique, à laquelle ils ne sont pas d’ailleurs tous fidèles, mais les services rendus par leur congrégation dans le passé et ceux qu’elle peut rendre encore dans le présent. Ils pensent qu’il faut plutôt prôner devant la Constituante leur vocation scientifique que leur vocation religieuse, et ils lui demandent de la maintenir et d’y encourager les talens qu’elle compte encore, et qui sont prêts à augmenter le trésor des connaissances humaines.

A Corbie, on défend la congrégation de Saint-Maur au nom de la science ; à Sorèze, collège célèbre, on plaide sa cause au nom de renseignement. De cet établissement, où vingt-cinq religieux sur vingt-sept, le supérieur Dom Desplaux en tête, déclarent vouloir rester, Dom Ferlus, alors professeur de rhétorique et d’histoire naturelle, plus tard, après la Révolution, le