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l’Empereur et Roi » et transmise par « Son Excellence le ministre prussien des cultes. » A Bielostock, un organe spécial pangermaniste pour les ouvriers, Die Wahreit, distribué gratuitement, prépare l’opinion des classes laborieuses à l’occupation éventuelle par l’Allemagne d’une partie du territoire actuel de l’Empire russe ; on peut en donner cet extrait : « Il est inutile de rêver à l’autonomie des Polonais. Le projet allemand d’expropriation a été déjà adopté ; nous ferons bien de l’oublier et de chercher notre salut dans l’industrie. C’est par ce moyen que nous pourrons dominer la Russie, mais il nous faut de l’intelligence et des précautions. »

Les Preussische Jahrbücher prédisent avec le professeur Roschen, le conseiller de gouvernement Rod, Martin, la conquête de la Russie occidentale, et le professeur Karl Jentsch recommande, pour que cette conquête soit pacifique, l’envoi de 40 millions de colons germains. En attendant, les Allemands qui habitent la Russie sont visités par des missions de la Preussischer Kriegerverein portant sur la poitrine des insignes avec des croix noires et l’inscription Für Gott, Kaiser, Vaterland ; l’une d’elles eut pour chef le général prussien Spitz. « Parmi les « Kriegers, » se trouvaient des généraux, des colonels, des majors, des capitaines de marine, des correspondans et des rédacteurs des journaux les plus hakatistes, des landraths prussiens. Ainsi que l’a annoncé le Kurjer Warszawski, les chants et les clameurs des Allemands faisaient trembler les murs de Ciechocinek. Pendant le dîner, on chantait l’hymne national allemand : Heil dir im Siegeskranz. Cette excursion fut accueillie, avec des ovations par les autorités locales. »

On comprend que les journalistes russes se soient émus. Après le Kraj de Saint-Pétersbourg, les Saint-Pétersburskiia Wiedomosti du prince Uchtomski, l’organe de Gringmuth, Moskowskiia Wiedumosti, ont dénoncé l’action souterraine des Prussiens dans l’Empire. En même temps, le journal progressiste Siewodnia découvrit que « dans les postes officiels les Allemands constituaient une proportion de 80 pour 100 dans toutes les situations supérieures, dans l’armée, dans la marine, dans le gouvernement même, c’est-à-dire dans le cabinet ministériel. » Dans la Novoié Wremia du 15 février 1909, Mienszykof lança un appel, attribuant « les insuccès de la diplomatie russe à ce fait que la composition du personnel du ministère des Affaires étrangères