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« Ces renseignemens seront éclaircis. Le général Ameilh est l’un de ceux dont la marche a été le moins connue : il est plus que douteux que l’indication relative au général Clauzel soit exacte.

« Le général Travot ne pouvant rester à Saumur dont l’obligeait à sortir un ordre militaire, s’est rendu à Angers : il y a d’abord été gardé à vue. Bientôt, un nouvel ordre de M. le lieutenant général d’Autichamp lui a assigné sa terre dans la Vendée ou Nantes pour résidence. L’impossibilité d’habiter raisonnablement la première étant reconnue, il s’est retiré à Nantes. Nantes vient de lui être interdit ; il s’est mis en route pour Lorient où sont situés les biens de sa femme. Déjà, les autorités réclament contre cette disposition. Il avait aussi été question du Jura d’où il est originaire ; mais ce département frontière convient peut-être moins encore. Le préfet du Jura vient d’en exclure le général Guye, ancien aide de camp de Joseph Bonaparte, quoique sa conduite y fût très mesurée.

« Telle est la juste destinée de ceux qui, sous l’usurpateur, ont marqué par leurs services ou par leurs opinions. Il faut pourtant que la crainte de les voir encore troubler le repos public n’aille pas jusqu’à les priver d’un asile, aujourd’hui surtout que des paroles d’amnistie sont de nouveau descendues du Trône et se répandent sur toutes les classes et sur toutes les positions.

« Le préfet du Morbihan est autorisé à indiquer définitivement le Port-Louis pour destination au général Travot si la chose lui paraît indispensable. »


L’abondance et le ton de ces renseignemens plus ou moins véridiques démontrent qu’à la fin de 1815, la police tenait pour rigoureusement nécessaire une active surveillance sur le personnel militaire qu’elle savait hostile aux Bourbons. Mais, dès la fin de l’année suivante et jusqu’au commencement de 1817, cette surveillance, encore qu’elle ne se fût pas relâchée, ne conduisait plus à des constatations aussi inquiétantes. Les généraux restés en France, quels que fussent leurs sentimens, évitaient, à de rares exceptions près, de faire parler d’eux ; plusieurs s’efforçaient de rentrer en grâce. Ceux qui avaient passé à l’étranger semblaient pour la plupart également décidés à ne pas attirer l’attention. Les notes de 1816 constatent que le général