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(Sans date.)

Mon cher général, — Voilà l’affaire de la Belgique finie, et complètement finie. Les Belges sont mieux qu’ils n’étaient avant la réunion à la Hollande ; et nous, nous avons obtenu ce que vous m’aviez recommandé par-dessus tout : le duché de Bouillon et le district d’Arlon devenus neutres couvrent la frontière française de ce côté. Luxembourg tout seul n’est pas grand’chose : et vous obtiendrez de la Prusse ce que vous voulez à cet égard. La navigation intérieure a obtenu toutes les facilités qu’on pouvait lui donner ; et il y en avait beaucoup à qui elle n’avait pas de droit. La signature des cinq puissances après un an de difficultés est quelque chose que vous pouvez faire valoir dans l’esprit de paix autant que vous le voudrez. Je suis bien heureux d’avoir fini, car je crois que c’était pressant ; et surtout d’avoir fini de manière que vous puissiez montrer combien les intérêts de la France ont été soignés. Dans ma dépêche, je vous donne l’esprit des articles qui aujourd’hui ne sont que paraphés, mais qui, demain, partiront pour la Hollande qui se montre parfaitement mécontente, et pour la Belgique, qui portait, ses prétentions plus haut. C’est équitablement finir et je vous atteste qu’il était de toute impossibilité d’obtenir davantage pour la Belgique.


Les lettres qui précèdent font le plus grand honneur au prince de Talleyrand. Voici maintenant quelques-unes de celles que Louis-Philippe adressait presque quotidiennement au général Sébastiani. Ceux qui approchaient le Roi étaient d’accord pour reconnaître qu’il « pratiquait une politique sensée, mesurée, patiente, régulière, pacifique… L’idée de la paix dans sa moralité et sa grandeur avait pénétré très avant dans son esprit et dans son cœur. »

Nous ne pensons pas que ses lettres intimes, ignorées de tous, excepté du général Sébastiani, qui les recevait chaque soir comme le résumé de longs entretiens, puissent atténuer cette appréciation de M. Guizot.


(Sans date.)

Mon cher général, — Je me rappelle que dans votre dépêche,